Des syndicalistes fichés à Dijon ?
La police les aurait identifiés à distance via des « procès verbaux électroniques »

Manifestation à Dijon le 17 avril contre la réforme des retraites (photo DR)

Après avoir participé à des casserolades ou manifestations à Dijon contre la réforme des retraites, des dizaines de militants syndicaux ont reçu des PV pour "émission de bruits portant atteinte à la tranquillité du voisinage" ou des courriers leur demandant de reconnaitre leur participation à une "manifestation interdite sur la voie publique". Problème : ils n'ont jamais été contrôlés. Le procureur évoque des "procès verbaux électroniques", les syndicalistes soupçonnent un fichage.

Victor, 66ans, retraité de l'éducation nationale et syndiqué à la FSU (Fédération syndicale unitaire), n'en revient toujours pas : « En 37 ans de militantisme, je n'ai jamais vu ça. Je suis sous l'effet de la sidération : apparemment je suis fiché juste à cause de mon engagement syndical. C'est effrayant ». Le 26 mai dernier, comme trente sept autres dijonnais, Victor reçoit un courrier du tribunal de police de la ville lui indiquant qu'il est mis en cause dans un dossier, à savoir la « participation à une manifestation interdite sur la voie publique ». L'infraction daterait du 17 avril.

Ce jour-là, Emmanuel Macron prononce une allocution solennelle depuis l'Elysée pour tourner la page de la réforme des retraites. Un peu partout en France, résonnent des concerts de casseroles. Des rassemblements improvisés "Et non des manifestations, puisque nous sommes restés statiques" estime Victor, qui reconnaît sa présence ce jour-là à Dijon. C'est pourtant bien cette simple participation sonore à un vaste mouvement de protestation national qui vaut à Victor cette missive comminatoire. 

" PV électroniques "

Huit autres militants dijonais ont reçu un PV pour cette fois-ci (défense de rire!) « Émission de bruits portant atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l'homme ». Rien que ça. "Des PV électroniques", précise le procureur de la république de Dijon dans la réponse qu'il nous a apporté, sans indiquer  par quels moyens les contrevenants présumés ont été identifiés, mais en évoquant, le plus sérieusement du monde, « un usage dangereux de moyens sonores, notamment à proximité immédiate des oreilles de fonctionnaires de police, dont plusieurs ont présenté à l’issue des traumatismes sonores » (voir l' intégralité de sa réponse ci-dessous).

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