Thierry Vincent

Dix ans après la création d’Espérance banlieues, un réseau d'écoles traditionalistes hors contrat cherchant à « arracher les enfants des quartiers à l’abandon scolaire », c’est la douche froide pour certaines familles qui y avaient placé leurs espoirs. Plusieurs parents que nous avons rencontrés dénoncent des méthodes dégradantes et humiliantes, du racisme larvé, et même parfois des violences physiques. Des plaintes ont été déposées.
Soudain, au bout de quelques minutes qui lui ont paru une éternité, le petit garçon plisse les yeux, comme pour empêcher les larmes de couler. Les traits se tirent, un léger reniflement, les yeux embués, Yassine, 8 ans, détourne le regard. Il n'en peut plus des questions du journaliste. Un long silence puis cette phrase, sortie spontanément : " je veux juste oublier ". Il engloutit ensuite le tiramisu que sa mère vient de lui commander, comme un réconfort éphémère.
Dans cette cafétéria d'Argenteuil, dans le Val d’Oise (95), au milieu des cités et des méandres d'autoroutes urbaines impersonnelles, elles sont plusieurs mamans, leurs enfants tourbillonnant autour d’elles, à dérouler des récits similaires : autoritarisme, humiliations en série, violences verbales et parfois physiques.
C'est pourtant pleines d'espoirs que ces dernières années, elles avaient vu s'implanter à Argenteuil ou Sartrouville des écoles du réseau " Espérance banlieue " se donnant pour objectif "d'arracher les gamins des quartiers à l'abandon scolaire".
