Veille numérique : Matignon se vend aux Américains

Matignon confie à une entreprise canadienne contrôlée par des capitaux américains la veille numérique du gouvernement | Photomontage Off Investigation

Pour surveiller les réseaux sociaux et y repérer des campagnes d’influence étrangères, le gouvernement a préféré une société canadienne contrôlée par des capitaux américains au leader français du secteur. Problème : selon la législation en vigueur outre-Atlantique, l’entreprise retenue peut être contrainte de fournir la data collectée aux services de renseignement américains.

Comme tous les États, la France fait du « social listening ». Autrement dit, elle scrute et analyse les réseaux sociaux. Objectifs : repérer et stopper des campagnes d’influence étrangères, prendre le pouls de l’opinion publique, anticiper des crises ou encore identifier des menaces pour la sécurité nationale, notamment dans le domaine du terrorisme. Le tout en marchant sur des œufs puisque cette surveillance numérique, confiée en partie à des entreprises privées, soulève de sérieuses interrogations et fait redouter un fichage généralisé des citoyens (lire : Surveillance en ligne : le gouvernement va-t-il tous nous ficher ? 12 novembre 2024).

Malgré le fait que cette veille numérique opérée par l’Etat représente un enjeu de souveraineté et de cybersécurité important, le Service d’Information du Gouvernement (SIG) vient d’attribuer ce marché à une entreprise étrangère. Qui plus est située en dehors de l’Europe ! A rebours de ses ambitions affichées en matière de souveraineté numérique, le gouvernement a en effet, le 13 mai 2025, confié cette veille des réseaux sociaux – pour la période de 2025 à 2029 – à la société canadienne Talkwalker, dont l’offre s’est avérée la plus attractive financièrement.

Talkwalker, une entreprise susceptible de servir les intérêts de Washington

En remportant ce marché public, Talkwalker va donc s’atteler, pour le compte de notre pays, à mieux cerner l’opinion publique française sur une large palette de sujets, dans un contexte préélectoral particulièrement vulnérable aux ingérences étrangères : le scrutin présidentiel de 2027.

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