Maïlys Khider
Une commission d’enquête de l’Assemblée nationale va tenter de faire la lumière sur les agissements des plateformes numériques, six mois après la révélation des "Uber files". Au fil des auditions, les députés découvrent un monde cynique, qui se joue de la fragilité économique de ses employés, et dont l’implantation en France fut largement facilitée par Emmanuel Macron.
Après le scandale des Uber files, fuite de plus de 124 000 documents internes de l’entreprise californienne permettant de saisir l’ampleur de son lobbying pour s’implanter en France et dans plusieurs autres pays d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient, l’heure est aux tentatives d’explications. Une commission d’enquête de l’Assemblée nationale, créée à l'initiative de La France insoumise (LFI), tente de clarifier cette affaire qui implique directement le président Emmanuel Macron.
Ministre de l’économie dans un gouvernement supposé de gauche entre 2014 et 2016, Macron avait discrètement rencontré à plusieurs reprises Travis Kalanick, le fondateur d’Uber, ainsi que ses lobbyistes appointés. Les VRP du groupe cherchaient l’appui de Macron pour obtenir une dérégulation de la réglementation française sur les VTC. Sensible à leurs argumentaires, Macron s’activa en coulisses, avec succès, pour faire valoir le modèle d’Uber. Son choix n’était pas seulement économique mais aussi idéologique. Lors de la révélation des Uber files à l’été 2022, Le Monde précisait que l’ancien lobbyiste en chef d’Uber, Mark MacGann, avait rejoint la campagne présidentielle d’En marche, notamment en organisant des dîners de collecte de fonds à Paris et en Californie. C’était le libéralisme débridé en marche, mais l’opinion l’ignorait encore.
La commission d'enquête parlementaire censée faire la lumière sur cette affaire a pour rapporteure la députée LFI de Paris Danielle Simonnet et pour président Benjamin Haddad, député Renaissance également de Paris. Réunie ce jeudi 9 mars dans la salle Lamartine de l’Assemblée nationale, elle affiche plusieurs objectifs : « Identifier l’ensemble des actions de lobbying menées par Uber », comprendre « le rôle des décideurs publics de l’époque » et « évaluer les conséquences économiques, sociales et environnementales du développement du modèle Uber en France », indique le site de l’Assemblée.