Orian Lempereur-Castelli

Le tribunal de Paris a condamné la plateforme de livraison de proximité Stuart, filiale de La Poste, à 50 000 euros d'amende pour des faits de " prêts de main d'oeuvre illicite " remontant à 2015. Le fondateur de Stuart, Benjamin Chemla, a été condamné à 10 000 euros d'amende avec sursis. La justice a estimé que l'un des sous-traitant de Stuart, Branis courses, n'avait qu'une " existence purement théorique ", avec un " rôle réduit au paiement des salaires ". Stuart a en revanche été relaxée des accusations de " travail dissimulé ", la justice estimant les preuves "insuffisantes" pour caractériser une relation de " salariat ".
Nul doute que ce jugement était attendu avec inquiétude par la direction de La Poste, son PDG, Philippe Wahl en tête. Et pour cause : dès le lancement de Stuart, en 2015, son groupe public y avait investi 10 millions d'euros (22% des parts) avant d'acquérir 100% du capital de la start-up en 2017. Depuis, La Poste a soutenu financièrement Stuart via un système de cash pooling qui a conduit GeoPost à y investir 21 millions d’euros en 2017, puis 45 millions en 2018. Une affaire en or puisque la start-up française a triplé son chiffre d’affaires en 2021 (168,1 millions d’euros). Revers de la médaille : l’Etat, qui siège au conseil d’administration de La Poste, est pour la première fois indirectement épinglé par un jugement qui met en cause les excès d’une “ ubérisation ” constamment vantée par les macronistes.
