Jean-Baptiste Rivoire

Dès le début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy va chercher des noises à l'AFP. En coulisse, son ami Vincent Bolloré tente lui aussi d'affaiblir l'AFP en lui développant une concurrente : la branche française de l'agence américaine Associated press. Mais au sein de l'AFP, la résistance de Sylvie Maligorne, alors cheffe du service politique, va changer le cours de l'histoire (Extrait de « L’Élysée (et les oligarques) contre l’info », Les liens qui libèrent, 2022)
En cette année 2008, les proches de Nicolas Sarkozy vont d’abord entamer un bras de fer avec l’Agence France-Presse, protégée depuis 1957 par un statut lui garantissant une certaine indépendance éditoriale. Coïncidence ? Vincent Bolloré cherche à l’époque à maximiser son influence médiatique en mettant la main sur une concurrente de l’AFP, la branche française de l’agence américaine Associated Press (AP), alors en pleine déconfiture. Dans l’espoir d’en prendre le contrôle, il s’allie à un ancien PDG de l’AFP, Bertrand Éveno. Dans ce contexte, les sarkozystes vont s’escrimer à déstabiliser l’AFP. Début 2008, le président annonce vouloir réformer les médias. Le 20 mars, le PDG Pierre Louette révèle que l’exécutif réfléchit à un projet visant à mettre fin au statut coopératif de l’agence. L’idée est de la transformer en société par actions, prélude à une éventuelle ouverture de son capital. Simultanément à ces projets de privatisation, le « clan Sarko » va faire pression sur l’AFP pour obtenir un traitement plus favorable.