Ouvrier candidat
Philippe Poutou à l’épreuve de l’oligarchie médiatique

Thierry Vincent

En 2022, Philippe Poutou participait à sa troisième élection présidentielle. Il en a tiré un livre sur son rapport aux grands médias (photo Martin Noda/Hans Lucas - AFP)

Philippe Poutou, Julien Salingue et Béatrice Walylo, Un petit « candidat » face aux « grands » médias, Éditions Libertalia, 2023.

Cela commence par une anecdote en apparence insignifiante, mais révélatrice... Un banal sms envoyé par un journaliste de l'AFP, le 29 mars 2022, en pleine campagne présidentielle, au service de presse du NPA (Nouveau parti anticapitaliste), qui commence par ses trois mots de politesse : « Bonjour monsieur Bourquin ». Problème : le « Monsieur Bourquin » en question n'officie plus au service de presse du NPA depuis la précédente présidentielle, en 2017. Est-ce à dire que depuis 5 ans, la plus grande agence de presse française qui alimente tous les médias nationaux n'a pas remis ses fiches à jour ? Qu'elle n'a jamais joint le parti d'extrême gauche depuis le début du premier quinquennat Macron ? Le NPA est certes un petit parti, mais ses chefs de file, Olivier Besancenot, Philippe Poutou et sa figure historique, feu Alain Krivine, sont des personnages largement connus au plan national. Un parti qui participe à toutes les élections, a présenté des candidats aux législatives de juin 20217, aux Européennes de 2010 et aux municipales de 2020. Une formation qui prend des positions officielles sur les nombreux conflits sociaux qui ont émaillé le premier mandat d'Emmanuel Macron, Un parti de surcroît doté d'un hebdomadaire, l'Anticapitaliste, qui a organisé son 4ème congrès en février 2018, y a invité des journalistes. Oui mais voilà : le NPA est un « petit » parti, et Philippe Poutou un « petit candidat », que la plupart des médias ne contactent que tous les 5 ans, à l'occasion de l'élection présidentielle, un peu contraints et forcés, pour ce qui est de l'audiovisuel, par les règles d'équité qui régissent l'élection mère de la monarchie républicaine, cette fameuse Vème République toujours pas dépoussiérée.

La condescendance des "grands médias"

Au fond, « Un « petit candidat » face aux « grands » médias», écrit par Philippe Poutou, Julien Salingue -qui a succédé au fameux « Monsieur Bourquin » au service presse du NPA-, et Béatrice Walylo, membre de la direction nationale, parle moins du parti d'extrême gauche que des médias institutionnels. Que Philippe Poutou soit un militant d'extrême gauche est ici presque secondaire : pour les « grands » médias, il reste un « petit », avec toute la dose de mépris que ce terme comporte. Imagine-t-on un instant l'AFP n'ayant pas le nom de l'actuelle attaché de presse du PS, des LR, de LFI, de Renaissance ou du RN ?

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