Opération Cécilia
Intoxiquer l’opinion… avec l’aide des oligarques (5-42)

Jean-Baptiste Rivoire

Cécilia et Nicolas Sarkozy sortent de leur domicile en 2007 (photo AFP)

Fin 2004, alors qu'elle épousait l'ambition politique de son mari depuis vingt ans, Cécilia Sarkozy prend ses distances. En préparant le sacre de Nicolas lors du congrès de l'UMP au Bourget, elle est tombée sous le charme de Richard Attias, un riche publicitaire qui dirige Publicis events. Paniqué à l'idée que le départ de son épouse ne l'empêche d'accéder à l'Elysée, Nicolas Sarkozy va bénéficier du soutient d'Arnaud Lagardère (Paris Match, le JDD, Europe 1), de Martin Bouygues (TF1), de Vincent Bolloré (D8, Direct matin), de Berstelsman (VSD, Gala), mais aussi de certains médias publics, qui vont dissimuler la vérité aux français pour ne pas obérer ses chances d'accéder à l'Elysée.

Pour Nicolas Sarkozy, la descente aux enfers commence paradoxalement lors d’une période faste : l’automne 2004. En novembre de cette année-là, pour célébrer sa désignation à la tête de la droite, il se fait payer par l'UMP un show hollywoodien. Au Bourget, devant son épouse et 40 000 militants en transe qui viennent de l’élire à 85 % des voix, il déclare : « Je suis prêt parce qu’au plus profond de moi-même, je sais que la France ne redoute plus le changement, mais qu’elle l’attend. Et ce changement, c’est nous qui allons l’incarner. » En fin de meeting, une vidéo de son fils Louis, alors âgé de 7 ans, l’encourage sur un écran géant : « Bonne chance, mon papa ! »
Mais en coulisses, Cécilia Sarkozy a du vague à l’âme. Après avoir consacré vingt ans de sa vie à l’ambition sans bornes de son mari, l’avoir accompagné dans ses déplacements, dirigé son cabinet à l’UMP, l’avoir conseillé, celle qui se disait « fière de n’avoir aucun sang français dans les veines » craque. Nicolas est-il trop obsessionnel, trop névrosé, trop absent ? En préparant le meeting du Bourget, elle rencontre Richard Attias, président de Publicis Events. Riche, séduisant, tranquille et sûr de lui, Attias séduit Cécilia, qui commence à le fréquenter discrètement. Si le « Tout Paris » apprenait cette liaison, ce serait un véritable séisme politique pour le candidat…

" Aucun redac'chef ne veut publier notre reportage "

Le photoreporter Pascal Rostain

Début 2005, un premier reporter photographie Cécilia Sarkozy et Richard Attias dînant dans un restaurant parisien, mais aucun journal n’ose publier ses photos. Connu pour avoir distribué en 1994 le scoop de Sebastien Valiela sur Mazarine Pingeot, la fille cachée de François Mitterrand, au sortir d’un déjeuner avec son père, le photoreporter Pascal Rostain apprend que le publicitaire et la femme du ministre de l’Intérieur vont s’envoler pour Cannes. Avec son confrère Bruno Mouron, ils embarquent dans le même avion qu’eux et parviennent à leur tour à les photographier, alors que les tourtereaux dînent dans un restaurant en vue du port.
Mais le lendemain, Paris Match, l’hebdo d’Arnaud Lagardère, décide de ne pas publier leurs photos. « Il semble qu’il y ait de la pression dans l’air, racontera Rostain dans ses mémoires. Alors que tout le monde sait que Cécilia a quitté Nicolas pour Richard, aucun rédac’chef ne veut publier notre reportage, car si les déboires de Nicolas Sarkozy feraient vendre des millions d’exemplaires, susciter son courroux effraie. Effraie beaucoup. »

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