Nicolas Sarkozy
L’homme qui voulait contrôler les médias (12-42)

Jean-Baptiste Rivoire 

Avant même d'accéder à l'Elysée, en 2007, Nicolas Sarkozy était déjà très interventionniste avec les médias (photo DR)

Dans les années 2000, alors qu'il rêvait déjà secrètement d'accéder à l'Elysée, Nicolas Sarkozy se montrait particulièrement interventionniste avec les médias. Interruption d'un journal de France Inter en direct, humiliation de Laurent Joffrin à l'Elysée, toute la hargne - et le maladif besoin de plaire - de Nicolas Sarkozy était déja là...

La scène avait marqué les esprits. Le 13 octobre 2004, arrivé en avance à France Inter, Nicolas Sarkozy patiente dans le salon face au studio de l’information. Alors ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, il doit être interrogé par Stéphane Paoli à 7 h 50. Tout va bien jusqu’à la diffusion dans le journal de 7 h 30 d’une courte interview de Raymond Avrillier, un élu écologiste de Grenoble connu pour avoir contribué à la chute d’Alain Carignon, maire de la ville et ministre du gouvernement Balladur, condamné en 1996 pour corruption.
Après avoir évoqué la proximité entre Alain Carignon et Nicolas Sarkozy et révélé que depuis la place Beauvau, ce dernier avait promu un fonctionnaire condamné pour son implication dans les affaires grenobloises, Avrillier conclut au micro de France Inter : « Il y a une assez grande similitude, vue de Grenoble, entre le fonctionnement de M. Sarkozy, ses grandes déclarations, sa communication et ce que faisait M. Carignon. Il y a une certaine amitié politique, mais en même temps, une pratique politique qui est assez similaire. »

" Je suis très choqué de ce que je viens d'entendre "

Nicolas Sarkozy interrompant un journal de France Inter en plein direct en 2004

Entendant ces mots, Nicolas Sarkozy sort de ses gonds et pénètre dans le studio. En plein direct, il coupe la présentatrice, Bernadette Chamonaz, et s’empare du micro en bégayant : « Je peux vous dire que je suis très choqué de ce que je viens d’entendre. […] Alain Carignon a été condamné.[…] Je l’ai pas laissé tomber, mais je n’ai rien à vous… Et […] Et humainement, chacun des auditeurs peut le comprendre… Mais je n’ai absolument rien à voir avec ces affaires, c’est proprement invraisemblable. »
Journaliste respecté de France Inter, l’auteur de l’interview d’Avrillier, Benoît Collombat, n’en croit pas ses oreilles. Dans la bouche du ministre, son reportage devient « inadmissible », « malhonnête », « empreint de choses fausses ». Cette anecdote est représentative de ce que fera ensuite Nicolas Sarkozy une fois devenu président de la République : l’indépendance éditoriale n’est pas à son goût. 

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