
Victime de l'écrivain pédocriminel Gabriel Matzneff dans les années 1970, Francesca Gee a été harcelée psychologiquement, exposée au public et a vu ses courriers à l'homme qu'elle aimait publiés sans son accord. Après la sortie en 2020 du livre "Le consentement", de Vanessa Springora (qui vient d'être adapté au cinéma par la réalisatrice Vanessa Filho), et après avoir auto-édité son propre livre témoignage, (L'arme la plus meurtrière, 2021), elle évoque en exclusivité pour Off Investigation les connexions mondaines et politiques du plus célèbre écrivain pédophile de la Vème République.
Francesca Gee : Matzneff fréquentait énormément de gens sur le plan politique, ses contacts et ses soutiens à l'aide de la gauche la plus extrême, à la droite la plus extrême. Il se vantait d'avoir toujours sur lui des lettres de protection du président Pompidou, ensuite de François Mitterrand, quand il était encore leader de l'opposition.
Jean-Baptiste Rivoire : Vous avec été la compagne de Gabriel Matzneff durant trois ans, vous posez avec lui sur une photo célèbre datant des années 1970 (vous aviez 15 ans et lui 37 ans). Quels souvenirs avez vous de cette époque?
Francesca Gee : Alors d'abord, il faut que je précise que je ne suis pas seulement ça parce que je suis journaliste de profession. J'ai déjà consacré deux livres à Matzneff, le premier qui n'a pas pu être publié parce qu'il ne plaisait pas au milieu de l'édition, et un autre qui a fini par sortir à compte d'auteur, il y a deux ans de cela. Et donc je m'intéresse à Matzneff, pas seulement, si vous voulez, au niveau des sentiments et de la répercussion qu'il a pu avoir dans ma vie, mais aussi en tant que sujet d'investigation. Je trouve que c'est un sujet qui n'a pas été suffisamment fouillé par la presse française, Off investigation étant une exception à cet égard. Et donc mon intérêt est surtout à ce titre.