O. Annichini

Mémoire des années 1970 – où chez certains intellectuels, la pédophilie était encore considérée comme un art de vivre -, les carnets noirs de l’écrivain Gabriel Matzneff ont été épluchés par le journaliste Olivier Annichini. Nous feuilletonnons en série d’été chaque mercredi son manuscrit refusé par des éditeurs.
Fin 1979, le destin de Gabriel Matzneff croise celui de Robert Boulin. Le 30 octobre 1979, ce ministre du travail de Valéry Giscard d'Estaing, qui est aussi le père de Bertrand Boulin, avec qui Matzneff milite pour abaisser l'âge de la majorité sexuelle, est retrouvé mort en forêt de Rambouillet. La version officielle d'un "suicide" laissera bientôt place à celle d'un assassinat.
Le 30 octobre 1979, jour où le père de Bertrand, le ministre Robert Boulin, est retrouvé mort en forêt de Rambouillet au petit matin, Gabriel Matzneff a rendez-vous 11 rue des Saussaies, dans le 8e à Paris, au siège de la direction générale de la Police nationale ! Il n'est pas convoqué pour rendre compte de ses activités licencieuses, non, il est invité à exposer un problème tout personnel, pour lequel un ministre lui a promis le concours de la police. L'histoire vaut son pesant de cacahuètes.
Matzneff vient alors de publier « Vénus et Junon », tome de son journal qui couvre les années 1965-1969, années durant lesquelles la jeune et belle Tatiana lui a mis le grappin dessus, jusqu'à l’épouser en janvier 1970. Une histoire à l'eau de rose qui finira en eau de boudin avec leur divorce en mars 1973. Au moment de cette séparation, Gabriel, dans un portait au vitriol, n'était pas tendre avec son ex-épouse : « Son côté petite nana MLF, son vocabulaire soixante-huitard grotesque et déjà vieilli, ses fringues, son allure générale, tout cela me dégoûte au-delà de ce que j'en puis dire. Elle n'a plus rien de commun avec la jeune fille que j'ai aimée. » (page 316 de « Elie et Phaeton »).