» Emmanuel Macron va se retrouver dans la seringue « 
L’interview de Marc Endeweld sur l’audition du secrétaire général de l’Elysée

Jean-Baptiste Rivoire: Salut Marc Endeweld, bienvenue sur OFF. Tu as eu accès au détail de l'audition d'Alexis Kohler. Qu'est ce qu'il en ressort?

Marc Endeweld : Alexis Kohler s'est fait " cuisiner " très longuement par les juges d'instruction. L'audition a duré plus de 15 heures. Donc c'est un vrai marathon, c'est une vraie épreuve. Ils l'ont mis en face de ses contradictions parce que, à de maintes reprises, si Alexis Kohler reste droit dans ses bottes, dans ses déclarations, en niant à plusieurs reprises tout conflit d'intérêts, il a fini par par se contredire et par reconnaître que par le passé, il avait de lui même amené ses hiérarchies respectives à se poser la question d'un éventuel conflit d'intérêt.
Donc ça, c'est quand même assez intéressant de voir que derrière les éléments de langage, y compris juridiques, au bout de 15 heures d'audition et face aux faits répercutés par les juges d'instruction, un haut fonctionnaire aussi rompu qu'Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Élysée, l'un des personnages les plus importants de l'État, principal collaborateur d'Emmanuel Macron, a du mal à s'expliquer face aux magistrats instructeurs.

Et puis, sur le fond du dossier, il y a un élément qui a été finalement assez peu relayé par les médias, et notamment par l'Agence France-Presse, qui a eu accès comme moi à l'audition. C'est que sur toute la partie où Alexis Kohler était le principal collaborateur de Macron comme directeur de cabinet entre 2014 et 2016, quand Macron était ministre de l'Economie et même avant quand il était directeur adjoint de cabinet de Pierre Moscovici, l’ancien ministre des Finances de François Hollande, le « déport informel » n'était pas du tout effectif. En réalité.

Jean-Baptiste Rivoire : Qu'est ce qu'on découvre à la lecture de l'audition?

Marc Endeweld : Les enquêteurs ont découvert des mails, notamment de Julien Denormandie qui était collaborateur de Kohler aux cabinets de Pierre Moscovici comme d’Emmanuel Macron. Il devait suivre comme conseiller les dossiers MSC. C'était sa mission. Et en réalité, on s'aperçoit à la lecture du dossier que Alexis Kohler continuait à être associé à des envois de mails, à des échanges de mail, intervenait parfois même dans ces échanges de mail. Et surtout, on s'aperçoit que Julien Denormandie ne respecte pas lui même, d'une certaine manière, ses engagements en ce qui concerne un « déport informel ». Parce que parfois il « forwardait » des éléments de mail et des informations relatifs aux dossiers MSC ou aux chantiers navals STX France.
C'est un élément qui fragilise la défense d'Alexis Kohler, ses éléments de langage juridiques et médiatiques face aux juges d’instruction. Ils n’ont pas manqué de le questionner à maintes reprises pour avoir ses explications, pour comprendre pourquoi ça s'était passé comme ça. Alexis Kohler n'a pas cessé ces dernières années depuis sa mise en cause, notamment par Mediapart, de dire qu'il y avait quand même un « déport informel » au sein de ses différentes fonctions, et notamment quand il était collaborateur de Pierre Moscovici et d’Emmanuel Macron. Et en réalité, les juges d'instruction, se basant sur des faits, montrent le contraire et essaient d'interroger Alexis Kohler sur ces points.

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