« Le surmenage des magistrats est une cause aggravante ou déclenchante de leurs décès »
L’interview de Yanis Mhamdi

Jean-Baptiste Rivoire : Il y a eu pas mal de décès dans la justice récemment. Est ce que tu as quelques exemples?

Yanis Mhamdi : Fin octobre, Marie Truchet, magistrate (à Nanterre, ndlr), est décédée. Son cœur a lâché en pleine audience.
Un an auparavant, Sonia Saingrain, directrice de greffe à Montpellier a été victime d'un accident cardio-vasculaire alors qu'elle se rendait au bureau un lundi matin. Le lendemain, elle est décédée à l'hôpital.
Et puis il y a le cas emblématique de Charlotte Guichard, 29 ans, toute jeune magistrate qui venait d'être diplômée de l'École nationale de la magistrature et qui s'est suicidée elle aussi, l'année dernière, en aout 2021. A la même période, c'est Marika Vivancos, vice-présidente de Béziers, qui a été victime d'une rupture d'anévrisme. Il y a aussi Dominique, une greffière qui, elle, s'est suicidée dans l'enceinte même du tribunal d'Argentan, dans l'Orne.

Jean-Baptiste Rivoire : Que disent les rapports confidentiels que tu t'ai procurés qui ont été rédigés par les comités d'hygiène et de sécurité départementaux de la justice ?

Yanis Mhamdi : Ils ont interrogé l'ensemble des collègues ou proches de la victime, récolté des documents, regardé les emplois du temps, et cetera. On a eu accès au rapport de Sonia Saingrain. Ainsi qu'à celui ayant suivi le suicide de Charlotte Guichard. Les rapports concluent que la surcharge de travail à laquelle elles faisaient face est aggravant, voire déclenchant aussi bien du suicide de Charlotte Guichard que de l'accident cardio vasculaire de Sonia Saingrain.

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