L’affaire du Coral
Pas de fumée sans feu… sauf par temps de brouillard !

Photo du coral publiée dans le journal Gai pied hebdo au début des années 1980 (photo DR)

Au début du premier septennat de François Miterrand, un centre judiciaire pour enfants en difficulté situé dans le Gard va faire scandale. Alors qu'il y accueille régulièrement des mineurs placés par la justice, son directeur, Claude Sigala, est accusé de violer des enfants avec ses collègues. Avant d'être mis hors de cause, René Scherer et Gabriel Matzneff seront éclaboussés par l'affaire.

Lundi 4 octobre 1982. Préfecture de police de Paris. Dans le cadre d'une enquête sur un trafic de photos pornos et pédophiles entre la France et les Pays-Bas, les policiers de la BSP (Brigade des stupéfiants et du proxénétisme) entendent un témoin de première bourre. Né le premier mai 1961 à Argenteuil, en banlieue parisienne, il s'appelle Jean-Claude Krief. Il rapporte aux condés mandatés par le juge Michel Salzmann une histoire dans laquelle il y a des polichinelles dans chaque tiroir. 

Fils de parents « déficients », Krief a passé treize années à la DDASS. A sa sortie, en 1980, il part en terre promise pour travailler dans un kibboutz. En Israël, son seul lien avec la France est un abonnement au journal « Libération ». Dans les colonnes du canard post-soixante-huitard, il tombe sur un article qui fait la retape pour un recueil de textes salaces, intitulé « Paysages d'enfance ». Signé d’un certain Willy Marceau, il est illustré par la photo d’ « un gamin collé contre un mur, torse nu, et la braguette déboutonnée. » Pour 50 francs de l’époque, il achète par correspondance le bouquin auprès de l'auteur.

De retour en France quelques mois plus tard, Krief prend contact avec Marceau, qui apprend que son lecteur a du matériel, un p'tit labo d'amateur, pour tirer des photos. Il lui présente alors un professeur de bec à flûte, cela ne s'invente pas, qui a des pellicules photo à développer. 

Krief reconnait devant les flics de la BSP qu'il s'est prêté à ces jeux de photos : « J'y vis des enfants dans diverses positions pornographiques et certaines même avec des adultes (…), ceux-ci en train de sodomiser des garçons dont l'âge variait entre 5 et 12 ans. Je refusais de tirer celles où il y avait des adultes présents mais j'acceptais néanmoins de tirer une centaine de clichés, ce dans le but d'en conserver un exemplaire à toutes fins utiles. L'affaire commençait déjà à m'écoeurer mais je n'avais pas encore tout vu. » La suite de son récit n'est effectivement pas piquée des hannetons, et elle montre que la pédophilie n’écoeure par toujours Jean-Claude Krief. 

Au printemps 1981, alors que François Mitterrand s’apprête à ravir l’Élysée à Valéry Giscard d’Estaing, Krief repère aux Halles, à Paris, une librairie « parallèle », c'est à dire spécialisée dans les écrits qui ne sentent pas le muguet mais les dérives post-mai 1968. Il y acquiert un magazine nommé « Possible » comme un tramway nommé désir. Il y trouve l'adresse d'un lieu de vie, dans le Gard, réservé aux enfants blessés par la vie, que le mal soit la maladie ou la société, mais que l'on soigne avec le meilleur des médicaments, l'amour de son prochain : Le Coral 30470 Aimargues, tel (66) 88 00 12. 

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