
Selon l’agence de presse AP, des mercenaires américains auraient délibérément tiré sur des civils gazaouis près d’un point d’aide alimentaire géré par la très critiquée « Fondation humanitaire de Gaza » (GHF), soutenue par Israël et les États-Unis. L'entreprise américaine mise en cause par AP rejette des « accusations spéculatives ».
A l’heure où Israël interdit aux journalistes internationaux tout accès à Gaza, l’agence de presse américaine Associated Press (AP) a recueilli des témoignages, vidéos, rapports internes et SMS révélant que des mercenaires américains auraient récemment tiré sur des civils gazaouis affamés et sans défense.
Les documents et récits mis en lumière le 2 juillet 2025 par AP proviennent de deux employés de la société UG Solutions, un sous-traitant américain qui participe à la supervision d’opérations humanitaires sur place, sous l’égide de la « Fondation humanitaire pour Gaza » (GHF), soutenue par les Etats-Unis et Israël. Les révélations de ces lanceurs d'alerte font état de « tirs à balles réelles » qui seraient régulièrement effectués en l'absence de menace, sur une population venant chercher de l’aide alimentaire.
« Je crois que t’en as eu un ! » - « Oh que oui, mon gars ! »
L’une des vidéos obtenues par AP montre une dizaine de silhouettes en tenue militaire, de part et d’autre d’une butte de terre, lorsque l’on entend une longue rafale de tirs suivie d’un échange en anglais, hors champ. AP explique que la scène se serait déroulée au cours des deux premières semaines d'activité de ce point de distribution alimentaire géré par la GHF. Selon nos recherches, ce lieu se situerait non loin du camp de réfugiés Nuseirat, dans le centre-nord de Gaza.
« Je crois que tu en as eu un ! », lâche une première voix. « Oh que oui, mon gars ! », s’exclame bruyamment une autre voix, avec enthousiasme. Une déconcertante insouciance qui fait écho à « Collateral Murder ». Cette vidéo, rendue publique en 2010 par WikiLeaks, montrait des soldats américains qui, avec une légèreté déroutante, abattaient des passants irakiens depuis leur hélicoptère survolant Bagdad (lire : Julian Assange : héros persécuté, journalisme en danger).
Alors que les deux employés à l’origine de ces révélations ont confié à AP être « troublés » par ce qu'ils estiment être des agissements « dangereux » et « irresponsables », la société UG Solutions a pour sa part accusé la célèbre agence américaine, dans un communiqué publié le 3 juillet, de « fausses accusations » et de « mensonges ».