«FR DETER»
Ces terroristes d’ultra-droite tolérés par Darmanin

Pablo Crosnier

La photo de profil d'un membre de "FR DETER", un groupe Telegram d'extrême droite islamophobe, faisant référence à Charles Martel, qui repoussa les arabes à Poitiers en l'an 732 (photo DR)

Alors que le ministre de l'intérieur, Gérarld Darmanin, s’acharne à criminaliser l'opposition de gauche et écologiste, assimilée au "terrorisme", l’extrême-droite raciste, voire néo-Nazie, prolifère sur Telegram, où des groupes nationalistes composés notamment de personnes se présentant comme "policiers" ou "gendarmes" s’organisent en toute impunité pour terroriser les étudiants de gauche et les populations maghrébines, musulmanes et racisées.

Le 2 avril dernier, une plateforme collaborative pour la diaspora maghrébine baptisée "Tajmaât" (la place du village, en kabyle) », révélait sur Twitter l’existence d’un groupe Telegram nationaliste nommé « FR DETER » (pour "Français déterminés", ndlr). Avant que ce groupe, qui rassemblait plusieurs milliers de personnes au niveau national et des centaines de personnes sur les différents canaux départementaux, ne soit brutalement supprimé par ses fondateurs, Tajmaät avait pris le temps d'effectuer de nombreuses captures d'écran des messages échangés. Ces conversations font l’apologie des ratonnades et du suprémacisme blanc. Alors que Tajmaât n'a infiltré ce groupe nationaliste que durant deux semaines, une source a indiqué à Libération que son existence remonte au moins à juin 2022. 

" Tout est légal pour faire mal à l'ennemi "

« FR DETER », qui veut dire « français déterminé », est un groupe nationaliste qui s’est constitué principalement sur la messagerie en ligne Telegram. Une plateforme russe de cryptage et d’anonymisation qui permet une plus grande discrétion pour ses utilisateurs. 
Un large spectre de l’extrême droite et de la droite identitaire semble représenté dans ces groupes conversationnels : royalistes, catholiques extrémistes, identitaires, pétainistes, accélérationistes, suprémacistes blancs, voire néo-nazis… 

La plateforme Tajmaât a diffusé sur Twitter une compilation des messages les plus marquants. L’objectif de ces révélations est d’attirer l’attention des médias et des autorités sur la menace que constitue l’extrême droite pour les populations maghrébines, musulmanes et racisées en France. Le contenu des messages écrits, vocaux ou vidéos que Off investigation a pu consulter sont à caractère raciste, anti-LGBT, islamophobe, arabophobe, antisémite ou misogyne. Ces messages haineux sont souvent accompagnés de glorifications du IIIe Reich, du régime de Vichy, des ratonnades, d’agressions et de crimes à caractère raciste. On y retrouve des appels à l’insurrection, au coup d’État pour l’établissement d’un régime nationaliste. 

“Quand je dis “sous race”, sa paraît raciste mais je veux dire, pas de faibles = gauchistes, ANTIFA, p* ou arabes.”

Napoléon Ier, pseudonyme d'un membre de la conversation "FR DETER GIRONDE"

Sur l’une des conversations, figure un inventaire de personnalités de gauche que le groupe entend cibler : « Si ça peut donner des idées à certains de nos amis nationalistes », encourage le diffuseur du listing. Ironiquement nommé « Liste de nos amis », ce répertoire reprend une version initialement diffusée par Fdesouche en marge d'une manifestation contre l’islamophobie qui avait fait polémique à Paris en novembre 2019.
Les menaces ne sont pas dissimulées : « C’est 100% légal ne vous inquiétez pas et puis disons que tout est légale pour faire mal à l’ennemi ».

On y retrouve des journalistes comme Edwy Plenel (Mediapart), Rokhaya Diallo, Pierre Jacquemain ou Pablo Pillaud-Vivien (Regards). Des féministes comme Caroline de Haas. Des membres de la communauté musulmane comme Jawad Bachare. Des membres d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) comme Julien Bayou. Ou encore un grand nombre d’élus de la France insoumise : Jean-Luc Mélenchon, Clémentine Autain, Manuel Bompard, … 

Certaines personnalités de LFI font l’objet d’un acharnement particulier. Louis Boyard, Mathilde Panot ou Danièle Obono sont la cible de menaces directes. Le numéro de téléphone et l’adresse du député du Val de Marne, Louis Boyard, sont diffusées. Une photo de lui est partagée avec une cible sur son front.

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