Fermetures de maternités
Des bébés en danger ?

Christophe Gattuso

LE 2 AOUT 2013, LA SAGE FEMME AUDE BLIZAK PREND EN CHARGE UN NOUVEU-NÉ À LA MATERNITÉ DES LILAS, EN SEINE SAINT DENIS (PHOTO ERIC FEFERBERG / AFP)

Alors qu’il y avait 1 747 maternités en France en 1972, elles ne sont plus que 460 en 2022 pour accueillir 700 000 à 800 000 accouchements par an. Confrontées à un manque de moyens et à une grave pénurie de personnels, de plus en plus de maternités sont amenées à suspendre provisoirement leur activité. Du coup, des femmes enceintes se voient contraintes d’accoucher loin de leur domicile. Sages-femmes et gynécologues-obstétriciens s’inquiètent  depuis plusieurs années des risques que cette situation fait courir aux mamans et à leurs bébés. Sans que les pouvoirs publics n’interviennent. Jusqu’à quand ?

Donner naissance en France relèverait-il chaque jour un peu plus d’un parcours du combattant ? En 2017, la moitié des femmes en âge de procréer résidaient à moins de 9 minutes de la maternité la plus proche, selon les statistiques les plus récentes du ministère de la Santé (Drees). Mais depuis, la situation s’est nettement détériorée, notamment dans onze départements ruraux dont le Lot, la Nièvre ou le Cantal, où de nombreuses femmes habitent à plus de 45 minutes d'une maternité de type 3 spécialisée dans la prise en charge des grossesses à risque. Et la situation ne va pas s’améliorer.

Des tensions dans toutes les régions

Le secteur de la périnatalité est aussi frappé de plein fouet par la crise de l’hôpital (voir notre documentaire Hôpital, la République en panne). De nombreuses professions sont en sous-effectifs. Les sages-femmes, qui étaient encore 29 000 en exercice il y a 5 ans, ne sont plus que 23 500. La pénurie est telle que certaines maternités sont contraintes de réduire leur activité. En avril dernier, par exemple, celle de Nevers, a fait les gros titres pour avoir fermé ses portes durant huit jours. Epuisées suite au départ de dix consoeurs, les quatorze sages-femmes de l’établissement avaient fini par se mettre en arrêt maladie. Mi-mai, dans l'Indre-et-Loire, le centre hospitalier du Chinonais a aussi temporairement suspendu les accouchements et urgences obstétricales, faute de personnel.

" Nous sommes dans la catastrophe "

Isabelle Derrendinger, présidente du conseil de l'ordre des sages femmes

Les difficultés se sont accentuées cet été. Une enquête menée à l’initiative de l’Organisation Nationale des Syndicats de Sages Femmes (ONSSF), à laquelle 122 maternités avaient répondu en juin 2022, révélait que 40% d’entre elles avaient prévu des fermetures partielles Durant les grandes vacances.

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