Demandeurs d’asile Afghans
Gérald Darmanin à rebours du droit international (2-2)

LeDuQ et Orian Lempereur-Castelli

(photo Le DuQ)

À Paris, face à quelques centaines de jeunes commerçants, artisans, cuisiniers, policiers ou militaires Afghans ayant fui le régime des talibans et bien souvent demandé un asile politique en France, le gouvernement Borne déploie une politique de harcèlement répressif à rebours des engagements de l'exécutif mais aussi du droit international.

Dans des espaces étroits sous le métro aérien, entre les stations Barbès et Stalingrad, au milieu des voies du boulevard de La Chapelle, des exilés venus d’Afghanistan se retrouvent en cet hiver 2023. Malgré l’inconfort et le froid, ces Afghans ne veulent pas quitter cette zone de précarité absolue, car ils espèrent une « tchapa », mise à l’abri en pachtoune. La visibilité de leur présence dans ce quartier populaire de Paris oblige en effet les autorités à organiser des opérations de « sécurisation de personne ».

Cela signifie que régulièrement, les services de l’État acheminent des cars pour embarquer les exilés et les répartir dans toute la France. Ces opérations (19 en 2022) ne sont jamais annoncées à l'avance et n’offrent pas de solutions pérennes. Souvent, les exilés se retrouvent à nouveau dans la rue quelques semaines plus tard, afin de libérer la place pour d’autres exilés, qui seront à leur tour renvoyés à la rue...

Ainsi, près de 770 personnes ont été extraites du « bidonville » de La Chapelle le 16 décembre 2022. Un mois plus tard, le 18 janvier 2023, l’opération commanditée par la préfecture de la région Île-de-France et la préfecture de Paris se répétait : 325 personnes étaient embarquées puis réparties dans différents centres en métropole. C’est le serpent qui se mord la queue, sans que des suivis sociaux ou des solutions à long terme ne soient proposés.

« Faire baisser le sentiment d’insécurité », selon le préfet de police

Pour chasser les exilés à tout prix, les autorités déploient une stratégie de harcèlement constant de la part de la police et de la gendarmerie, à la disposition du préfet de Police de Paris dans cette zone. Stationnées tous les deux cents mètres, des estafettes des forces de l’ordre veillent toute la journée, moteurs allumés. Depuis leur base opérationnelle place de la Bataille de Stalingrad, elles procèdent quotidiennement à plusieurs démantèlements et nasses durant la nuit ou très tôt le matin. Les tentes et duvets sont confisqués, jetés par la police et/ou arrosés de gaz lacrymogène. Du coup, les exilés sont contraints de dormir sur des cartons à même le sol, en plein hiver, même en cas de températures négatives. Leurs papiers administratifs finissent souvent dans les bennes des services de nettoyage de la voirie, ce qui est problématique pour la suite de leurs démarches. 

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