Carnage de Sainte-Soline : deux ministres à la ramasse

Le 25 mars 2023 à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), des gendarmes tirent des grenades lacrymogènes sur les opposants aux « mégabassines » de la région. | photographie THIBAUD MORITZ / AFP

Après la déflagration causée par les images de la répression sauvage de la manifestation de Sainte Soline en mars 2023 révélées par Mediapart et Libération, Gérald Darmanin et Laurent Nuñez, respectivement ministres de la Justice et de l’Intérieur, sortent les rames.

Des images qui documentent encore plus un carnage. Le mardi 5 novembre, Mediapart et Libération ont diffusé des vidéos inédites de la manifestation de Sainte-Soline (79) du 25 mars 2023. A l’appel des Soulèvements de la Terre, du collectif Bassines non merci et de la Confédération paysanne, cet évènement avait rassemblé 30 000 manifestants selon les organisateurs (8000 selon les autorités), venus de toute la France. Face à eux, 3 200 policiers et gendarmes armés jusqu’aux dents et prêts à tout pour les empêcher de prendre possession de la bassine.

Le bilan de la manifestation est accablant pour les forces de l’ordre et le ministre de l’Intérieur de l’époque, un certain Gérald Darmanin, aujourd’hui à la Justice. On recense près de 240 blessés dont certains garderont à vie les séquelles des charges des forces de l’ordre dans leur chair. Ce qui s’est passé à Sainte-Soline ce jour là est l’une des plus sanglantes répressions de civils organisée en France depuis le 17 octobre 1961.

En 2024, Off Investigation produisait « Sainte-Soline, autopsie d’un carnage », fruit de dix mois d’enquête. Pour le visionner (accès libre) :



Les images récemment obtenues par Mediapart et Libération sont d’autant plus précieuses pour documenter le carnage de Sainte-Soline qu’elles ont été tournées par les gendarmes eux-mêmes qui étaient équipés de caméras embarquées.

« Faut faire du tir tendu putain ! »

Ce qui frappe de prime abord est la volonté de faire mal à ces « fils de pute », « enculés » ou autres « PLP » c’est-à-dire « pue la pisse » comme les gendarmes appellent à de nombreuses reprises les manifestants. En roue libre, on les entend même tantôt s’encourager, tantôt jubiler en ces termes : « faut qu’on les tue », « t’en crèves deux, trois, ça les calme », « on va les manger ». Les blessures infligées aux manifestants, dont certains se sont retrouvés en urgence vitale réjouissent même un gendarme : « ça leur fait la bite ! »

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