
Bernard Arnault, homme le plus riche de France, parfois du monde, n'aime pas que les journalistes enquêtent sur ses affaires. À partir de 2013, les journalistes de Complément d'enquête Benoit Duquesne et Tristan Waleckx ont fait les frais des méthodes agressives du PDG de LVMH et ses limiers.
« Main basse sur la presse », notre feuilleton d’été à retrouver chaque vendredi
Série extraite de « L’Elysée (et les oligarques) contre l’info », JB. Rivoire, Les Liens qui libèrent, 2022
Après avoir pris le contrôle des Échos et du Parisien, Bernard Arnault va faire exercer contre une émission de France 2 ayant l’audace d’explorer les coulisses de son empire des pressions encore plus fortes. Formé au 20 heures de TF1, comme son patron Benoît Duquesne, à l’époque simple reporter de Complément d’enquête, Tristan Waleckx est un jeune homme bien élevé. A priori, pas de quoi inquiéter les barons du CAC 40. Mais depuis qu’il a rejoint l’émission de France 2 en 2012 – il en prendra les rênes en 2021 –, ce redoutable enquêteur a les moyens de creuser les informations dont il dispose. En cette fin 2013, le parcours de Bernard Arnault le passionne.
En quelques semaines, il exhume la façon dont, dans les années 1980, il a démantelé l’empire textile Boussac, pour n’en conserver que les pépites, Dior et Le Bon Marché. Puis, l’enquêteur de France 2 découvre que pour rafler le maroquinier Louis Vuitton à Henri Racamier, Arnault aurait eu recours à des méthodes barbouzardes : « Une nouvelle façon de faire des affaires, avec débauche de moyens et de cabinets d’intelligence économique », se souvient un ex-expert en sécurité chez Vuitton, qui évoque « des écoutes, des surveillances, des filatures, des recherches d’informations au plans judiciaire, fiscal, des opérations de désinformation…