« Accroître l’opacité du nucléaire est un contresens historique »
L’interview de Marc Endeweld

Le chantier EPR de Flamanville (Manche), toujours pas achevé (photo DR)

Alors qu'il présente à l'Assemblée nationale sa loi de développement de l'énergie nucléaire, Emmanuel Macron a annoncé un démantèlement de l'Institut de Radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), un organisme public indépendant qui alertait chaque mois sur les incidents nucléaires en France et sur les problèmes de fiabilité des centrales d'EDF. De nature à renforcer l'opacité de la filière nucléaire, ce démantèlement inquiète experts et syndicats. Décryptage de Marc Endeweld.

Jean-Baptiste Rivoire : En quoi un organisme comme l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) peut-il gêner un pouvoir exécutif qui cherche à mieux contrôler l'information sur le nucléaire?

Marc Endeweld : À l’origine, l’IRSN, c’étaient des experts indépendants qui publiaient chaque mois des avis sur des enquêtes qu’ils menaient concernant la situation de la filière nucléaire au niveau donc radioprotection mais également sûreté nucléaire. Ces dernières années, des associations indépendantes étaient plus ou moins associées à cette veille de transparence sur le nucléaire qui est nécessaire en terme de sûreté. L’IRSN gêne car ils sont compétents, ils comprennent comment une réaction nucléaire s'enclenche au cœur des réacteurs, les problèmes d’usure et de corrosion, notamment sur les tuyauteries de refroidissement qui arrivent au cœur des réacteurs. 

" Les experts de l’IRSN peuvent très bien tirer la sonnette d'alarme sur les nouveaux programmes que le président de la République a annoncé "

Cette expertise là peut gêner aujourd'hui les acteurs de la filière tant industrielle qu'au niveau étatique et notamment l'Élysée. Car les experts de l’ISN peuvent très bien tirer la sonnette d'alarme sur les nouveaux programmes que le président de la République a annoncé depuis le début de l'année dernière en pleine campagne présidentielle (rallongement de la durée de vie des réacteurs à 60 ans, développement des EPR, ndlr). Et donc c'est ce poil à gratter de l’IRSN qui dérange aujourd’hui.

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