Violences d’État
Darmanin récidive

Maïlys Khider

D'une ampleur inédite, la journée de mobilisation du 23 mars contre le réforme des retraites a mobilisé des centaines de milliers de personnes en France. Les affrontements auraient donné lieu 457 interpellations. Côté blessés, ils seraient 441 chez les forces de l'ordre. Gérald Darmanin, qui avait déja fait gazer des supporters anglais au stade de France, n'a communiqué aucun chiffre concernant les manifestants blessés. Depuis Bruxelles, Emmanuel Macron s'est montré inflexible. Mais la visite en France du Roi Charles III, prévue à partir du 26 mars, a été reportée. Récit d'une semaine de révolte réprimée par des méthodes (trop) souvent illégales.

Après le 49-3, la colère. Le 16 mars 2023, Elisabeth Borne sidère l’Assemblée et les Français(es) en annonçant brutalement le passage en force, sans vote des députés, de la réforme des retraites. Dans la salle des quatre colonnes du Palais Bourbon, des écrans diffusent les images de la Première ministre s’exprimant devant les élus. Au même moment, des groupes se dirigent de l’Assemblée nationale à la Place de la Concorde. La préfecture a bien tenté d’interdire la manifestation, dûment déclarée par le syndicat Solidaires. Le tribunal administratif a annulé la décision, autorisant le rassemblement.

La Place de la Concorde n’était que la première étape de l’ “après 49-3”. Très rapidement, des foules se sont organisées pour mettre en place des actions coup de poing : blocage du centre d’incinération d’Ivry le 20 mars, blocage d’une zone industrielle près de Toulouse, installation d’un piquet de grève à l’entrée de la centrale nucléaire du Blayais, opération péage gratuit à St-Avold en Moselle, grève sauvage au technicentre SNCF de Châtillon dans la nuit du 20 au 21 mars, assemblées générales dans les facultés à l’instar de celle du Mirail, et d’autres. A la mobilisation massive, groupée, organisée et contenue, se sont substituées des actions localisées et inattendues. Contrarié par ces mobilisations, le gouvernement a utilisé les forces de l’ordre (FDO) pour un déferlement de violences, rappelant 2018 et la révolte des Gilets jaunes. Des comportements qui s’inscrivent en dehors de tout cadre légal. 

Violences illégitimes

Depuis plusieurs jours, les images de violences de la part de policiers, gendarmes et CRS inondent les réseaux sociaux. “Les comportements des forces de l’ordre observés pendant le mouvement des Gilets jaunes font leur réapparition”, s’indigne l’avocat au barreau de Paris Vincent Brengarth. “Ces dernières années, les pouvoirs publics ont pu expérimenter la gestion de manifestations d’ampleur et hors cadre syndical. Ce sont maintenant des mouvements que nous connaissons. Je trouve sidérant de constater qu’en dépit de l’expérience dont nous disposons, nous retombions exactement dans les mêmes travers”, analyse-t-il. 

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