Marc Endeweld

Si l’AFP a récupéré des « éléments » de l’audition d’Alexis Kohler devant les juges d’instruction, Off Investigation a pu lire l’intégralité de cet interrogatoire qui a duré près de 15 heures ! Face aux juges, le puissant secrétaire général de l’Elysée, principal collaborateur d’Emmanuel Macron, reste droit dans ses bottes. Mais ses explications sont souvent contradictoires et dénotent une indifférence totale à l’égard de tout risque de « conflit d’intérêt ». À l’image d’une bonne partie de la Macronie.
L’affaire a été révélée, dès mai 2018, par Mediapart, mais il aura fallu plus de quatre ans pour qu’Alexis Kohler, puissant secrétaire général de l’Elysée, se retrouve face à des magistrats pour un « interrogatoire de première comparution ». C’est après une audition de près de quinze heures, qui s’est déroulée les 22 et 23 septembre derniers, que les juges d’instruction Virginie Tilmont et Nicolas Aubertin ont signifié au principal collaborateur d’Emmanuel Macron sa mise en examen pour « prise illégale d’intérêt » (1) et son placement sous statut de témoin assisté pour « trafic d’influence » (2).
Pour justifier leur décision, les juges indiquent qu'il a « persisté à être personnellement destinataire de notes émanant de la direction du Trésor et de l’APE [Agence des Participations de l’État, ndlr] ainsi que des mails relatifs à la société MSC, à émettre des avis ou donner des orientations stratégiques ayant trait aux projets de financement des commandes de navires pouvant être conclu avec la société MSC ainsi qu’aux modalités de recapitalisation de la société STX France [les chantiers navals de Saint Nazaire, ndlr] impliquant le groupe MSC en qualité de candidat », alors qu’Alexis Kohler avait un « intérêt moral » du fait de son « lien familial entretenu avec la famille Aponte, fondatrice et propriétaire de MSC et de son projet de rejoindre ce groupe industriel ».