
Le Sénat vient enfin de recruter son nouveau toubib après les accusations de chantage à la sextape lancées par son prédécesseur. L’affaire a marqué cette institution pilotée par un Gérard Larcher tendant à étouffer tout scandale.
Le Sénat a enfin un nouveau médecin dans ses murs. Le praticien, chargé de veiller à la santé des parlementaires, de leurs collaborateurs et des agents de l’institution, a pris ses fonctions au cabinet médical du palais du Luxembourg, selon les informations de Off Investigation. Si le recrutement d'un nouveau médecin a pris un an, c'est qu'il y « a eu les plus grandes difficultés à recruter à cause de la pénurie de médecins », avance un membre du bureau, la plus haute instance disciplinaire du Sénat.
Il est vrai qu'il y a quelques années, l'ancienne médecin de l'institution, Corine Lecrosnier-Fedida, avait envoyé une longue lettre pour se plaindre d'épuisement professionnel et de ne pas avoir été augmentée en 15 ans, alors qu'elle comptabilisait près de 300 heures de travail supplémentaires par an (La Lettre, 17/01/2019). Appartement de fonction, obligation d’être sur les lieux, séances de nuit... « C'est un poste qui exige des sacrifices », admet notre élu.
La procédure de recrutement du nouveau médecin, menée par la secrétaire générale de la questure, a été transmise au bureau « pour information », selon l'un de ses membres. Reste que l'audition du futur médecin, qui devrait prendre ses fonctions effectives en juin, se serait faite en toute discrétion dans une annexe du Sénat, dans les services de la direction de la logistique et des moyens généraux, « à la surprise des fonctionnaires », selon nos informations. Et pour cause, Gérard Larcher s'était engagé à faire preuve de plus de transparence dans les recutements, compte tenu qu'il s'agit d'argent public. Sollicité, le Sénat renvoie vers des éléments de langage mis en ligne sur son site pour ne plus avoir à répondre aux journalistes sur cette affaire.
Selon notre élu, cette difficulté du Sénat à trouver un nouveau médecin et la discrétion ayant entouré son recrutement n'aurait rien à voir avec le dernier scandale en date portant sur l'enregistrement de contenus sexuellement explicite au sein de l'institution. Il n'empêche qu'avec cette embauche, la chambre haute espère enfin tourner la page de ce vilain scandale appelé « l'affaire de la sextape », qui a fait trembler les murs du palais du Luxembourg depuis plus d'un an.
Un recrutement discret après un épisode embarrassant
Rappel des faits. Le 9 février 2024, le président du Sénat, Gérard Larcher, saisit le procureur de la République. En cause, un mail explosif envoyé par le médecin des sénateurs d’alors, le docteur El Hassan Lmahdi. Brutalement licencié après cinq ans de service la veille des vacances de Noël, il est en colère contre sa « quasi-mise à la rue » avec sa femme enceinte et leurs deux enfants et surtout, « l’attitude de la présidence du Sénat » à son égard. Comprendre, Gérard Larcher, son président, troisième personnage de l’Etat, qui a la haute main sur l’institution.