Scandales sexuels en série dans la photo de mode

Une trentaine de femmes ont dénoncé auprès de Off investigation les agissements de photographes professionnels (Photomontage Off Investigation)

Malgré le mouvement Metoo, le milieu de la photographie reste parfois toxique pour les modèles, en particulier amateurs. Des arnaques aux viols, en passant par de l'exhibitionnisme ou des agressions sexuelles, l’éventail des violences imputées à des photographes masculins est très large et s'accompagne d’une forme d’impunité, comme en attestent des témoignages d’une trentaine de victimes recueillis par Off Investigation.

« Bonjour [...]. Comme vous avez pu le voir sur Instagram je suis photographe de mode professionnel et également directeur de castings sur Paris et New York. Je m'occupe aussi des recrutements Mannequins Fashion Week. Je doit l'admettre votre profil m'intrigue beaucoup après avoir vu votre feed Instagram. Vous possédez un fort potentiel et une grande beauté ainsi que du charisme en image. » C’est en ces termes accrocheurs que le photographe Cédric Mayoutte a démarché, dans un message qu'Off Investigation a pu consulter, un des modèles amateurs qui dénonce aujourd'hui ses agissements. Un procédé rôdé depuis des années, comme en attestent d'autres messages similaires auxquels nous avons eu accès.

Emmanuelle (tous les prénoms des victimes qui ont témoigné pour Off Investigation ont été modifiés) a été contactée par le photographe en 2018. Quand Cédric Mayoute la démarche cette année-là via Instagram, la jeune femme de 26 ans veut renouer avec la photo en tant que modèle amateur. Le photographe lui dit qu’elle a un “très fort potentiel” et la convainc de venir sur Paris réaliser un portfolio professionnel, pour la modique somme de 600 euros.

Escroquerie et attouchements

La séance se passe bien. Mais dans les semaines qui suivent, malgré plusieurs relances d’Emmanuelle, Cédric Mayoute ne fournit pas les photos. Il explique d’abord qu’il travaille dessus, que le « book » sera bientôt en ligne. Puis ne répond plus. Ecœurée, la modèle amateure porte plainte pour escroquerie en 2019. Comme nous l'avons appris auprès du tribunal judiciaire de Créteil, la procédure a fait l’objet d’un classement sans suite en août 2024, sans qu’Emmanuelle n'en soit informée, et sans qu'elle n'ait pu récupérer les photos. « J’aurais aimé le savoir, surtout que je n’ai jamais eu de remboursement de cette arnaque… », déplore-t-elle. Contacté, le parquet de Créteil a expliqué que cette affaire avait été classée au motif : « Poursuites non proportionnées ou inadaptées. »

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