Révolte agricole
Le productivisme contre notre santé

Des agriculteurs en colère sur le périphérique de Rennes
Des agriculteurs en colère sur le périphérique de Rennes, le 1er février 2024 (Photo Sebastien SALOM-GOMIS / AFP)

Après deux semaines de révolte paysanne, Arnaud Rousseau, le patron du groupe Avril qui dirige aussi la FNSEA, a obtenu de nombreuses concessions de la part du gouvernement Attal, notamment un moratoire sur la limitation des pesticides. Mais productivisme et libre échange ne sont pas remis en question.

Comme souvent en macronie, la révolte agricole a été accompagnée d'immenses rideaux de fumée dans une partie des médias contrôlés par de puissants industriels soutenant le président. Très vite, n'ont été retenus de la colère des agriculteurs que leur prétendue hostilité aux normes environnementales. Comme pour crédibiliser l'idée d'une opposition irréductible entre "ceux qui produisent" et "les écolos". Comme si les agriculteurs n'étaient pas soucieux, eux aussi, de protéger la terre qui nous nourrit. Comme si le fait de leur accorder encore plus de droit à polluer les protégerait de la concurrence de pays ou la main d'oeuvre est payée 150 euros par mois.

"Propagande visant à diviser les français"

Cette propagande visant à diviser les français en les montant artificiellement les uns contre les autres, comme si nous n'étions pas tous dans le même bateau, était déja à l'oeuvre en mars 2023, quand le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin avait assimilé les manifestants anti-bassines de Sainte Soline (Deux-Sèvres) à des "éco-terroristes". Comme s'ils étaient comparables aux tueurs du Bataclan ou des terrasses qui avaient abbatu par balles plus de 150 personnes en 2015 à Paris.

Certes, on a bien entendu des agriculteurs questionner les nombreux accords de libre échange signés ou envisagés par l'Europe, comme le Mercosur, actuellement en négociation avec l'Amérique du sud. Les télés les ont montrés vidant des camions de fruits et légumes arrivant de l'étranger, images fugaces montrant que la question du libre échange était bien cruciale dans cette crise. Ces derniers jours, Emmanuel Macron a même du donner quelques gages, indiquant qu'il n'était "plus favorable" au Mercosur, ce projet qui permettrait aux fermes usine du Brésil de laminer encore plus nos éleveurs français. Problème : nos voisins allemands et espagnols y sont, eux, favorables et il y a fort à parier que ce nouveau traité de libre échange aboutira, en conformité avec l'amour que l'Europe et les macronistes portent à la mondialisation.

Le "libre échange" sanctuarisé

Malgré les quelques gestes du gouvernement Attal en faveur des revendications portées par le patron d'Avril (qui dirige également la FNSEA) : allègement des taxes sur le gas-oil non routier, subventions de plusieurs centaines de millions d'euros, promesses d'allégement des procédures bureaucratiques, etc... il y a fort à parier que le choix politique de ne remettre en cause ni le productivisme, ni l'agriculture intensive, ni le libre échange débouche sur un laminage encore plus radical des petites exploitations en France.

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