Quand « Grand Paris Seine Ouest » harcèle ses administrés
600 euros le déchet !

Pierre-Christophe Baguet, maire de Boulogne-Billancourt et président de "Grand Paris Seine Ouest" avec André Santini (maire d'Issy les Moulineaux) en 2013 (photo DR)

Dans les Hauts de Seine (département le plus riche de France), abandonner un déchet sur la voie publique peut coûter… 600 euros. Mais les huit communes qui s’arrogent le droit d’infliger de telles pénalités à leurs administrés agissent à la frontière de la légalité. 

C'est une étrange contrée. Un fabuleux domaine où il est possible de transformer les déchets en or. Il a pour nom « Grand Paris Seine Ouest ». En langage administratif, on appelle ça un établissement public territorial. Il a été créé le 1er janvier 2016. Les huit communes qui le composent portent des noms qui fleurent bon la banlieue bucolique et opulente comme Marne-la-Coquette, Chaville ou Ville d'Avray, la culture comme Sèvres, le pôle économico-technologico-médiatique comme Issy les Moulineaux, Boulogne, Vanves… Quant au siège de « Grand Paris Seine Ouest », il est installé à Meudon. 

Entre 2010 et 2016, on le désignait sous le nom de communauté d'agglomération. A sa tête régnait déjà le même « monarque » : Pierre-Christophe Baguet. Maire de Boulogne-Billancourt depuis 2008, proche d'André Santini puis de Claude Guéant, c'est un adversaire déclaré de l'homoparentalité. 

600 € par déchet

Apparemment, M. Baguet n'aime pas non plus le désordre, la saleté, les dépôts d'ordures sauvages… Il n'est pas le seul. Mais les méthodes employées au sein de « Grand Paris Seine Ouest » sont, pour le moins, radicales : quel que soit le déchet déposé indûment sur la voie publique par l'un des 320 000 administrés, il en coûte… 600 euros. Une somme astronomique réclamée ces derniers mois à plusieurs habitants de cette partie du département des Hauts de Seine. 

Muriel en fait partie. Récemment, après avoir déposé quelques cartons devant son immeuble, cette habitante de Boulogne-Billancourt a reçu un courrier de Grand Paris Seine Ouest l'enjoignant à s'acquitter de ces fameux 600 euros. « Je ne jette jamais un papier à terre et apprécie les fleurs ainsi que la propreté », a-t-elle tenté d'expliquer dans une lettre en recommandé adressée à l'Officier du Ministère Public auprès du Tribunal de Police de Nanterre. « Quand j'ai déposé le soir ces fameux cartons sur la base de mauvais renseignements, (j'ai confondu les jours de collecte des encombrants avec les jours de recyclage de papiers et emballages), je me suis aperçue de ma fenêtre, le lendemain matin, que ces cartons n'avait pas été ramassés ». Ce courrier envoyé au tribunal de police, c’est la démarche qui lui était conseillée, « pour toute question » sur le courrier de Grand Paris Seine Ouest. Et elle n’est pas la seule à avoir dû prendre sa plume pour s’expliquer. 

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