Profs précaires
Les « humiliés » de l’éducation nationale

Violette Vauloup et Valentin Longuet

Une enseignante de Punaaui, en Polynésie française, en septembre 2021 (photo Suliane Favennec/AFP)

Recrutements peu regardants sur les compétences disciplinaires, contrats précaires, flexibilité contrainte, absence d’accompagnement… Les 7,5% d’enseignants non-titulaires de l’Éducation nationale sont devenus la variable d’ajustement des pouvoirs publics pour masquer leur difficulté à recruter des profs, un métier dévalorisé et en perte d’attractivité.

" On a bien conscience quon est une roue de secours, mais sans nous, la voiture ne roule pas ”, soupire Vincent. Âgé de 25 ans, ce jeune enseignant fait partie des contractuels recrutés via un " job-dating " organisé par l’académie de Versailles, du 30 mai au 3 juin dernier. Trente minutes d’entretien, et quinze jours après, le jeune homme est invité à signer un contrat à durée déterminée. S’ensuivent deux mois de silence radio. Tout l’été, Vincent attend de connaître son lieu d’affectation et le niveau qu’il enseignera. La semaine précédant la rentrée, sans nouvelles, il appelle la Direction des services départementaux de l'Éducation nationale (DSDEN), qui finit par lui donner sa zone d’affectation, sans plus de précisions. 

Les jours passent et l’enseignant commence à s'inquiéter. “ On était la veille de la rentrée et je ne savais toujours pas où jallais travailler ”, se souvient-il. Le lendemain, faute d’informations, il passe la journée à rafraîchir sa boite mail. “ Personne ne répondait à la DSDEN, j’étais vraiment seul. Mais ce qui ma rendu fou, cest qu’à la télé, jai entendu que certaines classes n'avaient pas pu faire leur rentrée car des contractuels ne s’étaient pas rendus sur leur lieu de travail. On se moquait de nous ”, peste Vincent, pour qui ce “ cafouillage ” révèle les failles d’un système qui ne tient plus qu’à un fil, grâce aux enseignants précaires.  

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