« On a l’impression que la petite cuisine politicarde était plus importante que la crise sanitaire ! »
L’interview de Thierry Vincent sur la crise Covid 19

Jean-Baptiste Rivoire : Alors qu'elle doit comparaître devant la Cour de justice de la République (pour « mise en danger de la vie d’autrui », ndlr), l'ex ministre de la santé Agnès Buzyn indique qu'elle avait largement alerté le sommet de l'État des dangers du Covid 19. Qu’en est-il?

Thierry Vincent : En fait, c'est Le Monde qui a pu consulter son journal de bord de 600 pages. C'est un «  pavé » qu'elle a écrit a posteriori, où elle retrace toutes les alertes qu'elle a lancé, les différents SMS et tout. Dès le 11 janvier 2020. Donc là, on est vraiment au tout début de la crise, on parle juste de quelques cas de neuropathie en Chine, mais cela se passe encore loin de chez nous. (Agnès Buzyn) demande à voir le président de la République le 11 janvier. Elle ne le verra finalement que le que le 8 février. Donc c'est presque un mois après, c'est très tard. Entretemps, elle alerte à nouveau à plusieurs reprises. Le 25 janvier, par exemple. Alors que L’OMS s'est réuni et a décidé de ne pas lancer une alerte mondiale sur le risque d’épidémie, elle envoie un message à Emmanuel Macron lui disant qu'elle regrette cette décision et qu’elle s’inquiète. Elle finira finalement par le voir le 8 février (en fait, un simple entretien téléphonique, ndlr). Mais le comble, c’est qu’après son échange avec le Président de la République, elle va se faire «  remonter les bretelles » par Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée ! Il lui demande : «  qu'est ce que tu as dit au président de la République? Tu as réussi à lui faire peur ». Le gros problème, ce serait donc qu’elle a « fait peur au Président de la République ».
Après il y a l’épisode croquignolesque de Benjamin Griveaux avec sa «  sextape ». Des images à caractère pornographique qui vont l’obliger à se retirer de la campagne pour la mairie de Paris. Là encore, c'est invraisemblable. La majorité ne trouve rien de mieux à faire que de demander à Agnès Buzyn - qui a quand même autre chose à faire avec la pandémie qui se profile déjà - de remplacer Griveaux au pied levé pour être candidate à la mairie de Paris !

Jean-Baptiste Rivoire : Pour bien comprendre, Benjamin Griveaux, qui était candidat de La République en marche à la mairie de Paris, tombe après une affaire de sextape. Et le sommet de l'Etat va demander à la ministre de la Santé, au début de la crise Covid, de partir, de quitter son poste pour aller représenter les couleurs de Macron à la mairie de Paris ?

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