« Mimi » époque Sarko

Jean-Baptiste Rivoire

Michele Marchand arrivant à l'enterrement de Regina Zylberberg ("Regine") au cimetière du père Lachaise, à Paris, le 9 mai 2022. (Photo STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Sous Nicolas Sarkozy, l'IGPN était prête à aller très loin dans la violation du secret des sources des journalistes quand il s’agissait de protéger un maillon clé du clan présidentiel : la déjà très influente Michèle Marchand. (Extrait de « L’Élysée (et les oligarques) contre l’info », Les liens qui libèrent, 2022)

C'est en 2009, alors que je viens d'être nommé rédacteur en chef adjoint de Spécial investigation aux côtés de mon confrère et ami Stéphane Haumant, que nous allons découvrir, un peu par hasard, la puissance et l'influence de Michèle Marchand, surnommée "Mimi la marchande" ou "la reine des paparazzis".

Cette année là, le réalisateur Romain Bolzinger, de la société TAC presse, nous propose une enquête sur la presse people. Banco ! Quelques mois plus tard, il nous fait visionner son documentaire : on y découvre notamment que pour récupérer illégalement les numéros et les adresses de stars, ou leurs plaques d’immatriculation, certains photographes people paient des salariés d’opérateurs téléphoniques, voire des policiers !

En guise de démonstration, un paparazzi a emmené notre reporter « planquer » en bas de chez Laurence Ferrari, alors présentatrice du « 20 heures » de TF1, pour vérifier qu’elle habite bien à l’adresse qu’on lui a indiquée. Quand son véhicule sort de l’immeuble, le paparazzi la prend en chasse et appelle un policier pour qu’il vérifie dans le fichier national des cartes grises si le numéro de plaque correspond bien à la voiture de la star. Et le plus incroyable, c’est que moyennant 200 euros, le flic accepte de le lui confirmer ! Manifestement, en France, espionner illégalement n’importe quel journaliste est donc un jeu d’enfant.

"Mimi" au volant d'une camionnette transportant 500 kg de canabis

Dans son excellent documentaire, Bolzinger va également lever un coin du voile sur une grosse pointure du clan Sarko, Michèle Marchand. Avec leur livre Mimi, ce sont mes confrères Jean-Michel Décugis et Marc Leplongeon, avec Pauline Guéna, qui ont publié le meilleur portrait de cette femme aussi puissante que discrète qui gère l’image people du Tout-Paris depuis trente ans. Timidement accueilli par la presse à l’été 2018, leur ouvrage mérite pourtant le détour.

Ancienne femme de braqueur et de trafiquant de drogue, Michèle Marchand a été incarcérée à plusieurs reprises pour « chèque sans provision », puis « constitution d’une société étrangère dans le but d’introduire de l’argent frauduleux en France ». Après avoir passé quelques mois à Fleury-Mérogis en 1985, elle est à nouveau arrêtée en juillet 1994, cette fois au volant d’une camionnette transportant 500 kg de cannabis. Son compagnon, le braqueur Maurice Demagny, échouera en prison pour trafic de drogue. Elle passera deux mois en détention provisoire, puis écopera de trois ans de prison avec sursis. Devenue patronne de boîte de nuit, elle se « maque » avec un policier des RG et grâce à des contacts dans les milieux de la nuit, devient bientôt la papesse de la presse people, comme le racontait Complément d'enquête début 2022.

Une interview "bidonnée" pour Voici

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