Interdiction des manifestations de soutien aux palestiniens, refus d’appeller à un cessez-le-feu, dérives identitaires dangereuses : depuis le 7 octobre le gouvernement Borne semble pratiquer un “deux poids, deux mesures“ sur la question du conflit israélo-palestinien, à l’instar des Etats-Unis. Mais son « soutien inconditionnel » au gouvernement Netanyahou attise des haines profondes à l’intérieur de nos frontières.
Entre chien et loup, les lumières rouges des fumigènes font briller les larmes silencieuses des manifestants place de la République à Paris. Ce jeudi 2 novembre, quelques centaines de participants s’étaient réunis pour la cause palestinienne. Le deuil se porte sur les visages, la douleur de l’injustice dans les mots. Une femme prend le micro : « Macron sera connu pour être le président ayant fermé les yeux sur le génocide des palestiniens ! », la foule l’acclame. Tous manifestent pour un cessez-le-feu immédiat « mais aussi, confie une participante, une réponse ferme du gouvernement français, qui condamnerait réellement les crimes commis par l’armée israélienne ».
Depuis le 9 octobre, Tsahal bombarde massivement l’enclave de Gaza. Venant à imposer un blocus total, des déplacements en masse et 10 000 morts civils en moins d’un mois d’après le Hamas (dont 1500 dans la seule nuit du 5 au 6 novembre).
Les bombardements d’Israël sur Gaza ont été décidés suite à l’une des attaques les plus tragiques de l’histoire de l’Etat Hébreu : l’opération « déluge d’Al-Aqsa ». Menée par le Hamas les 7 et 8 octobre dernier en territoire Israélien, elle a provoqué la mort de plus de 1400 personnes, dont une majorité de civils, près de 300 ont été pris en otage.
"Soutien inconditionnel" du gouvernement Français
Le 22 octobre, en déplacement à Tel Aviv, Yaël Braun Pivet la présidente de l’Assemblée Nationale, affirme que la situation est claire : le Hamas est « attaquant » et Israël « attaqué ». En ce sens, l’Etat d’Israël se voit assuré de pouvoir compter sur le « soutien inconditionnel » du gouvernement français à exercer son « droit de riposte ».
Pourtant le conflit n’a pas commencé le 7 octobre. Le crime de guerre que constitue l’attaque du Hamas s’ancre dans un conflit préexistant, et c’est précisément pour ça qu’il constitue un crime de guerre, comme défini en droit international depuis le traité de Rome. En effet, depuis 2004, suite à un avis rendu par la Cour Internationale de Justice, la Cisjordanie et Gaza sont considérés comme des territoires occupés par Israël, et cela depuis 1967. Même si les troupes israéliennes se sont retirées de Gaza en 2005, ce statut confère à l’enclave des protections humanitaires. Mais surtout, il met en lumière l’existence d’un conflit complexe, qui ne peut se résumer à un agressé (Israel) et un agresseur (le Hamas).