« L’heure des prédateurs » a sonné

L'écrivain Italo-suisse Giuliano da Empoli (photomontage Off investigation)

Notre chroniqueur littéraire Antoine Corlay a lu le dernier livre de Giuliano da Empoli. Dans « L’heure des prédateurs » (ed. Gallimard), l’intellectuel italo-suisse dresse un état du monde en déliquescence, pris entre la brutalité du pouvoir politique et la mainmise des « conquistadors de la Tech », faisant de nos vies des continents à conquérir. Vertiges.

Je viens d’une époque lointaine, où l’enfance semblait éternelle. Année 1992. Un temps de lenteurs et d’illusions, sans écran total. Loin d’un génocide en direct, d’un air saturé, d’un temps dérèglé, de feux et d’inondations prenant les villes. Un temps sans filtre, sans ce poids lourd de vivre, sans lumière bleue absorbant nos nuits et nos données. L’extrême droite avait un nom assumé, le visage gras et ridé, la haine fière en bandoulière. Il ne la cachait pas derrière un sourire forcé, un trois-pièces bien coupé, des vidéos Tik-Tok chiadées. C’était net, clair, précis. C’était hier. Loin du chaos en continu. Désormais, le monde est flou, fait de violences et de doutes.

Minuit moins 89 secondes

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