
Les droits de l’Homme continuent d’être bafoués le long de la frontière entre la Bulgarie et la Turquie. Malgré les moyens sécuritaires et financiers colossaux octroyés par l’UE. Reportage.
Forêt de Strandzha, à proximité de la frontière bulgaro-turque, le 29 décembre dernier. Trois Égyptiens âgés de 15 à 17 ans sont retrouvés morts dans le froid de l’hiver. Plus de 24 heures plus tôt, la police locale avait pourtant été alertée de leurs souffrances par l’ONG Bulgarian Mission Wings (BMW). Mais elle a interdit aux secours d’apporter de l’aide aux jeunes réfugiés. Depuis, les autorités s’emploient à « réduire au silence par tous les moyens possibles » le BMW, déplore sa représentante, Diana Dimova. « Nos salariés et leurs familles subissent des pressions sans précédent, explique-t-elle. Les autorités bulgares interdisent à quiconque de s’exprimer sur les exactions commises par sa police aux frontières ».
L’Union Européenne (UE) avait pourtant assuré que la Bulgarie ferait figure de bonne élève. Fin 2023, le rapport d’un projet pilote commandé par la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, certifiait que les « règles de l’espace commun européen sont bien appliquées en Bulgarie ». De quoi permettre une décision tant attendue par ce pays des Balkans, le plus pauvre de l’UE : son intégration à l’espace Schengen, votée en 2024 puis rendue effective le 1er janvier 2025. Et ainsi faire de la frontière qu’elle partage avec la Turquie un nouveau passage stratégique d’entrée vers le “vieux continent”.
