Le groupe SOS a la santé
Le milliardaire du social recrute au sommet de l’État

Léo Le Calvez

Le 11 janvier 2016, Emmanuel Macron, alors ministre de l'économie, visite "Les créateurs d'instants", une petite entreprise crée par son ami Jean-Marc Borello, patron du groupe SOS, à Montreuil, en région parisienne (photo Éric Feferberg / AFP)

Présidé par Jean-Marc Borello, un proche d’Emmanuel Macron, le groupe SOS, qui recrute à tour de bras des hauts fonctionnaires macronistes et remporte appels d’offres sur appels d’offres, est devenu en quelques années un acteur majeur du secteur de la santé et des Ehpad. Mais ses méthodes rappellent celles d’Orpéa ou de Korian et depuis des décès suspects à l’hôpital de Saint-Avold (Moselle), sa bonne image se lézarde. 

Fin 2022, alors qu’elle démarre sa journée de syndicaliste, Sandrine Fournier, secrétaire médicale à l’hôpital de Niort et responsable de la CGT Santé action sociale des Deux-Sèvres (79), apprend que « SOS seniors », filiale du groupe SOS, un géant privé du social pesant un milliard d’euros, est candidat au rachat d’un Ehpad de ce département. « À partir de là, nous avons décidé de faire une grève car on ne souhaitait pas que SOS Seniors nous rachète ».

Situé à La Peyratte, entre Châtillon-sur-Thouet et Parthenay, l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes convoité par SOS ne serait pas le premier à tomber dans l’escarcelle de Jean-Marc Borello, cet ancien professeur d’Emmanuel Macron à Sciences-po surnommé le « pape macroniste du social ». « Notre crainte, si on laisse SOS Seniors reprendre cet établissement, c’est que tout le département des Deux-Sèvres risque de tomber entre les mains du Groupe SOS », explique la syndicaliste. En quelques années, à force de rachats de maisons de retraite, SOS Seniors s’est en effet taillé un petit empire dans le secteur, avec plus de 80 établissements.

Le mécanisme lucratif des loyers payés en interne

Employant 18 000 salariés dans 500 établissements, principalement dans la santé ou l’accueil des séniors, mais aussi dans l’action culturelle, la solidarité, ou la transition écologique, le groupe SOS ne cesse de remporter appels d’offres sur appels d’offres. Pour racheter autant d’établissements, alors qu’il n’est officiellement qu’une association à but non lucratif, le groupe a principalement recours à de l’argent public, comme l’expliquait une enquête récente du Monde diplomatique.

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