Le feu contre les migrants ?
Dans l’ouest, des zemmouristes accentuent la pression

Bastien Mauriaucourt

Yannick Morez, maire de Saint Brevin-les-Pins (Loire Atlantique), dont la maison a brûlé cette semaine (photo Maxime Jaglin, France Télévisions)

Dans l'ouest de la France, des militants d'extreme droite exercent de fortes pressions sur des maires et des associatifs qui envisagent d'accepter l'implantation de centre d'accueils pour migrants. En Loire Atlantique, le maire de Saint-Brevin-les-Pins a vu sa maison incendiée cette semaine.

Le domicile de Yannick Morez, le maire de St-Brevin-les-Pins, en Loire Atlantique, a fait l'objet d'un incendie dans la nuit de mardi à mercredi. « L'origine est vraisemblablement criminelle, explique un proche de la mairie. Heureusement, il n'y a aucune victime, mais deux véhicules et une partie de la maison ont brûlé ». Yannick Morez était injoignable ce mercredi.

Sans qu'il soit possible d'établir un lien de cause à effet, il règne à St-Brevin -les-Pins un climat pesant depuis que la mairie a accepté l'été dernier d''agrandir l'actuel centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada), dont les capacité passeraient de 30 à 120 personnes. Depuis, l'extrême droite, Reconquête et RN en tête, menait une campagne de pressions voire de harcèlement pour faire capoter le projet. Deux manifestations d'extrême droite hostiles au projet ont été organisées les 11 décembre et 25 février dernier, accompagnées de contre manifestations. A chaque fois, les secondes ont rassemblé plus de monde que les premières : 250 opposants à l'extrême droite le 11 décembre contre 150 et 900 opposants à l'extreme droite le 25 février contre 380 anti-migrants. Au cours de cette dernière manif, des témoins affirment que des skinheads auraient entonné « on n'entend plus chanter Clément Méric », une jeune antifa de 18 ans tué par des néo-fascistes le 6 juin 2013 à Paris. Un quasi appel au meurtre.
Le 6 février, Dorothée Pacaud, la première adjointe de St Brévin-Les-Pins révélait que « le maire, mais aussi des parents d’élèves et des membres d’associations, font face à des menaces et des actes d’intimidation de la part des opposants et de leurs soutiens extrémistes ».

A Callac (Finistère), menaces de mort et alertes à la bombe

Ce climat nauséabond résulte d' une stratégie de la tension menée par l'extrême droite dans les communes ayant des projets d'accueil de migrants. Des pressions qui font peur. Ainsi, le 12 janvier dernier, la municipalité de Callac a annoncé renoncer à son centre d'accueil suite aux pressions et intimidations de l'extrême droite. Les manifs organisées entre autres par Reconquête, le parti d'Eric Zemmour, s'étaient succédées dans la commune, avec Gilbert Collard en "guest star" le 3 novembre dernier. Dans cette ambiance, des élus ont été menacés de mort ou de viol. Huit plaintes ont été déposées. Erwan Chartier le rédacteur en chef du journal local le Poher, a lui aussi reçu des menaces de mort et l'organe de presse a été l'objet d'une alerte à la bombe.

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