La pédophilie, ultime cartouche pour abattre Boulin?

mathilde

Robert Boulin quittant le ministère de l'outre-mer en juillet 1972. En octobre 1979, alors qu'il est devenu ministre du travail de Valériy-Giscard D'estaing, le corps de ce gaulliste historique sera retrouvé dans un étang des Yvelines (photo AFP)

Le 30 octobre 1979, Robert Boulin, ministre du travail de Valéry Giscard d'Estaing, est retrouvé mort dans un étang des Yvelines. Depuis des mois, ce gaulliste historique gênait Jacques Chirac et Charles Pasqua dans leur stratégie de conquête de l'Élysée. Visé par une campagne de presse sur l'acquisition litigieuse d'un terrain à Ramatuelle, Robert Boulin se savait également fragilisé par les liens que son fils, Bertrand, entretenait avec de célèbres pédophiles, comme Gabriel Matzneff.

L'intérêt principal de « Ma vérité sur mon père » n'est pas de savoir comment est mort le gaulliste Robert Boulin, ministre du travail de Valéry Giscard d'Estaing, retrouvé "noyé" dans un étang des Yvelines le 30 octobre 1979. Plutôt dans quelles ''conditions atmosphériques'' il a perdu la vie. Le livre de Bertrand Boulin, qui est décédé en 2002, permet de penser que parallèlement à la campagne de presse sur le terrain de Ramatuelle, campagne par laquelle Robert Boulin refusait de se laisser intimider, un second mauvais coup se préparait contre lui. Un mauvais coup tombé à l’eau après qu’une solution radicale et définitive a résolu le problème Boulin. Avec précision, Bertrand Boulin livre en effet des éléments qui laissent à penser, qu'après l’affaire de Ramatuelle, les « ennemis » de son père imaginaient une nouvelle pièce montée, qu'on n'a pas servie pour cause d'enterrement. Les faits et événements survenus avant la mort du ministre le 30 octobre 1979 laissent tout envisager. Ainsi une semaine auparavant... 

« Il y a une meute de gens derrière moi qui veulent me dévorer. » 

Robert Boulin, quelques jours avant sa mort

Mardi 23 octobre. Vers midi, Bertrand Boulin se rend au ministère du Travail. Il s'entretient avec Luc La Fay, attaché de presse de son père depuis 1969. Un ami. Les deux hommes attendent fébrilement, tout fraîchement sorties de l'imprimerie, les éditions du « Canard enchaîné » et « Minute » (qui la semaine précédente a publié un premier article, « La belle boulette de Boulin »), qui seront en kiosque le lendemain. La livraison arrive, il n'y a rien dans « Minute ». Mais dans le « Canard », ça se déchaîne contre Boulin. Le ministre est accusé de s'être offert pour une somme modique, un terrain dans les collines Saint-Tropez, où jamais personne n'a pu obtenir un permis de construire, « personne, sauf Robert Boulin, un mois seulement après son achat, réalisé à prix d'ami ». Un ami qui s'appelle Henri Tournet, accusé d'avoir vendu plusieurs fois les parcelles du domaine.

Mercredi 24 octobre. Bureau du ministre. Boulin et son fils font le point. Après que le « Canard » lui a volé dans les plumes, le ministre s'attend au pire : « Nous allons vivre des temps difficiles, il y a une meute de gens derrière moi qui veulent me dévorer. » La meute des chiens du RPR, qui redoutent que Boulin soit nommé à Matignon et sont prêts à tout pour discréditer un futur premier ministre gaulliste, membre du RPR, qui apporterait sa caution électorale au président Giscard. Puis il  allume un cigare dont les volutes annoncent la guerre : « Il faut nous serrer les coudes plus que jamais. On va tous être attaqués. Tous, y compris toi. »

Réponse de Bertrand : « Surtout moi. Je suis hors toi celui qu'on peut le mieux attaquer, car celui qui s'est mis le plus en avant... Mais je m'en fiche éperdument. Je n'ai pas peur. Que veux-tu qu'ils disent, toujours les mêmes choses. Ça n'intéresse pas les gens. »

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