La France face au génocide rwandais
Papa qu’est-ce qu’on a fait au Rwanda ?

Laurent Larcher et son livre
Papa, qu'est ce qu'on a fait au Rwanda, Laurent Larcher, Paris, Le Seuil, 2024

Dans son livre Papa, qu’est qu’on a fait au Rwanda ?, Laurent Larcher, journaliste et rédacteur en chef de la rubrique Afrique de La Croix, offre une analyse détaillée du rôle compromettant de la France et de ses responsables politiques dans le génocide rwandais de 1994. Un travail d’enquête et un recueil de témoignages méticuleux publié à l’occasion des 30 ans du génocide. 

Ma très chère fille, le temps est venu pour moi de te raconter ce que nous avons fait au Rwanda. Nous, la France” : par ces mots, s’ouvre le livre poignant de Laurent Larcher, Papa, qu’est-ce qu’on a fait au Rwanda ?. “Pendant cent jours, les Tutsis et ceux qui ont tenté de les protéger ont été abandonnés à leurs meurtriers (...) tous les jours, ce printemps-là, le beau printemps de 1994”, poursuit le journaliste de la Croix. 

L’histoire (vraie) qu’il raconte prend pour cadre un petit pays de l’Est de l’Afrique : le Rwanda. C’est dans cette ancienne colonie belge pas plus grande que la Bretagne que s’est déroulé le dernier génocide du XXe siècle. Au travers de son livre, Laurent Larcher revient sur les événements qui ont mené à la mort de plus d’un million de civils innocents au Rwanda entre avril et juin 1994. Soit une cadence de 10 000 assassinés tous les 24 heures. Pour expliquer ces événements, l’auteur développe un propos simple : derrière ce massacre, se cache une haine construite sur un quiproquo créé par les colonisateurs et transmis aux colonisés.  

La fin d’une ère coloniale 

C'est sous l’ère coloniale que s’ouvre le premier acte de cette tragédie. Jusqu’en 1917, le Rwanda était colonisé par les Allemands. Mais après la Première Guerre mondiale, l’Allemagne perd de sa puissance et revend le Rwanda à la Belgique. Dans ce petit pays d’Afrique, vivent deux communautés : les Tutsis et les Hutus. Mieux insérés dans la société, les tutsis sont souvent plus aisés et plus éduqués. Jusqu’à la seconde guerre mondiale, sous la domination belge, ils constituent la minorité riche et privilégiée du pays. Ils ont l’ascendant sur les Hutus, plus précaires.

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