« On traite plus d’affaires de corruption depuis que Macron est au pouvoir »
Jérôme Karsenti, avocat d’Anticor

Jérôme Karsenti le 8 mars 2011. Avocat partie civile au procès des emplois fictifs de Jacques Chirac. (Photo : AFP/Bertrand Guay)

Malgré la perte de son agrément le 23 juin 2023, l’association Anticor continue ses combats. Jérôme Karsenti, avocat historique du collectif, revient sur les procédures judiciaires en cours et fait un tour d’horizon de la lutte anti-corruption en France, dégradée par le manque de moyens.

Crée par des élus entre les deux tours de la présidentielle en 2002, l’association de lutte contre la corruption Anticor avait pour ambition initiale de recréer du lien entre les citoyens et leurs représentants grâce à l’éthique. Cette aspiration n’a jamais été aussi nécessaire. Depuis 2015 et le scandale Cahuzac, plusieurs associations ont obtenu un agrément pour pouvoir saisir la justice en se portant partie civile en cas de graves atteintes à la probité. Pourtant, le 23 juin 2023, à cause d’une crise interne, le tribunal administratif de Paris a retiré à Anticor son précieux agrément. Alors qu’un recours a été déposé fin aout, Jérôme Karsenti aime à rester plein d’espoir. Avocat au barreau de Paris et avocat d’Anticor depuis 2007, il revient pour Off Investigation sur l’actualité du célèbre collectif anticorruption.

Clémentine Mariuzzo : Sur quelles affaires de corruption travaillez-vous en ce moment avec Anticor ?

Jérôme Karsenti : Si je vous les citais toutes, vous seriez désespérés. Il y a près de 150 procédures en cours pour Anticor. Dans mon cabinet, j'en ai encore une grosse vingtaine pour Anticor. Il faut savoir que les procédures pénales qui concernent la probité sont extrêmement longues. Parmi les affaires emblématiques, je m'occupe de l'affaire dite "des sondages de l'Elysée". Elle concerne les sondages de communication de Nicolas Sarkozy quand il était président ainsi que ses rapports avec Patrick Buisson qui avait créé une structure de facturation à l'Etat, tout ça en dehors des marchés publics. Ce dossier est aujourd’hui devant la cour d'appel.

Également je m’occupe d’un dossier un peu plus confidentiel mais très intéressant qui concerne le maire actuel de Metz : François GrosDidier. Il a été jugé en première instance et condamné en appel pour des faits de prises illégale d'intérêts. C'est un ancien parlementaire qui se reversait sa réserve au lieu de l’investir pour sa circonscription. Aussi, je suis l'avocat d’Anticor et Sherpa contre Vincent Bolloré ou on mène une très belle bataille judiciaire.  [Vincent Bolloré est soupçonné d’avoir financé la réélection du président Faure Gnassingbé, au Togo, dont la famille monopolise le pouvoir depuis plus de cinquante ans, par l’intermédiaire d’une filiale du groupe, qui aurait sous-facturé ses services. En échange, le dirigeant africain aurait permis à Vincent Bolloré de récupérer la concession du port de Lomé, le seul port en eau profonde de la côte ouest africaine, ndlr]

Clémentine Mariuzzo : Comment les dossiers sont-ils choisis ? Les apprenez-vous toujours par voie de presse ?

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