Hanouna (partiellement) mis à nu par France 2

La journaliste Virginie Vilar tentant d'interviewer Cyril Hanouna
La journaliste Virginie Vilar tentant d'interviewer Cyril Hanouna à la sortie de Radio France (photo France 2)

Diffusé le jeudi 30 novembre à 22h55 sur France 2, « Cyril Hanouna : le nouveau parrain du PAF » a été vu par 3,03 millions de téléspectateurs. Un record pour l’émission présenté par Tristan Waleckx. Malgré l’engouement, les révélations chocs n’ont pas vraiment été au rendez-vous. Le documentaire de la journaliste Virginie Villar met néanmoins en lumière le fonctionnement malsain, voire toxique de « Touche Pas à Mon poste » (TPMP), machine à buzz de C8 et petit trésor de la chaine bolloréenne.

Cyril Hanouna n’a pas toujours été dans les lumières des projecteurs. Prêt à tout pour divertir, il est d’abord comique de seconde classe sur Comédie ! Au début des années 2000, il soufflera dans l’anus d’un chien en plateau, fera un black face, un strip-tease en direct, ou deviendra un spécialiste des jeux avec de l’urine. Tout faire pour le buzz. Diffusée depuis 13 ans sur C8, TPMP garde les traces de son passé d’amuseur ridicule. Chef de meute, entouré de chroniqueurs potiches, Cyril Hanouna s’amuse, surpuissant, dans son rôle de présentateur de l’émission la plus trash du PAF. 

Des chroniqueurs "perroquets"... et maltraités

D’après un ancien collaborateur de l’émission s’exprimant anonymement, les places sur le plateau du talk-show seraient réparties par ordre de préférence du patron. A la droite d’Hanouna, il y aurait ceux qu’il préfère, ceux qui suivent la marche. A sa gauche, seraient ceux qui parlent moins, ceux qui rient moins fort. Au fond à droite, il y aurait le rôle de la « potiche » toujours une belle fille, que tous les plans larges peuvent avoir dans le champ. 

Un poste occupé par Jessie Claire pendant 3 mois en 2017. Elle se souvient de sa première rencontre avec les membres de l’équipe. Tout est filmé. Avant qu’elle entre dans les loges, les hommes de l’émission, à l’initiative de Cyril Hanouna, vont faire des commentaires sur son physique. Interviewée par France 2, Jessie Clairea déclare s’être sentie comme un « bout de viande ».  Et les chroniqueurs ne devaient pas contester les ordres, car en bon chef de meute, Hanouna décide de la marche à suivre en coulisse. 

Sur les 32 collaborateurs de TPMP contactés par Virginie Villar, 9 auraient “refusé d’évoquer l’ambiance de travail” de l'émission, 8 auraient trouvé le management de Cyril Hanouna “formidable”, et 15 auraient dénoncé un “climat difficile”. 

Dans la peur, majoritairement dans l’anonymat, les sources préfèrent « ne rien dire sur ce monstre ». Certains le décrivent « étant capable d’une grande méchanceté. » « Au nom de la rigolade, il est capable des pires crasses. » L’ambiance serait délétère : « il ne fallait surtout pas contrarier le prince »  « tout le monde à peur de Cyril, moi j’en ai vu des gens pleurer. Il a une vraie emprise, une vraie peur. » 

Selon l’ancien collaborateur de TPMP, rien ne serait laissé au hasard pour avoir des débats animés et toujours, faire le buzz. Souvent en humiliant les chroniqueurs. Le 31 janvier 2022, le tueur en série Nordhal Le Landais est jugé devant les assises. Cyril Hanouna veut un débat sur la peine de mort. En coulisse, tous les chroniqueurs décident de voter contre. Furieux, le présentateur star de C8 aurait alors lâché à son équipe : « il faut au moins deux personnes pour la peine de mort, vous vous demerdez ». Quelques minutes plus tard, les caprices du « prince » sont exhaucés, le débat commence et les avis ne sont pas homogènes. Pour la source, c’est un exemple représentatif : « tout est faux, on raconte des choses qui sont totalement fausses »

Le filon de l'homophobie 

Mais le présentateur ne s’en prendrait pas qu’à ses équipes pour faire de l’audimat. L’homophobie marche aussi pour faire du clic. Le 18 mai 2017, Hanouna appelle un jeune homme gay, que la production a choisi sur un site de rencontres homosexuelles. Sans le prévenir qu’il est enregistré, une conversation téléphonique débute en direct entre Cyril Hanouna et sa proie. Voix fluette, cliché homophobe, le présentateur se présente comme un jardinier cherchant l’amour. Il incite son interlocuteur à se livrer sur sa sexualité, allant même jusqu’à lui dire qu’il a « le sexe en tulipe ». Quand son interlocuteurs, tombant dans le panneau, réplique “Cela doit faire du bien dans le trou de balle”, le reste des chroniqueurs, hilares, applaudissent des deux mains. Jugée homophobe par l’ARCOM, la séquence coûtera 3 millions d’euros de pénalités à C8. 

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