Guyane : Un soutien de Macron rase la forêt

Thierry Déau devant le site gardé par les gendarmes en Guyane
Thierry Déau, PDG du fonds Meridiam, qui finance la centrale photovoltaïque de Guyane (photo DR)

Au village de Prospérité, en Guyane Française, le peuple premier Kali’Na se bat pour sauver son espace de vie. En jeu : 140 hectares de forêt amazonienne, sanctuaire de biodiversité, en passe d’être rasés pour un projet de centrale électrique photovoltaïque dit “de l’ouest guyanais” (CEOG). Un chantier privé protégé depuis des mois par une centaine de gendarmes, dont l’investisseur majoritaire est un très proche d’Emmanuel Macron.  

« Quand tous les jours des jeunes sont sur le terrain à défendre leurs terres, ils sont à la recherche d’une justice, ils sont à la recherche de leur futur » témoignait lors d’une conférence de presse fin septembre Jean-Philippe Chambrier, secrétaire du Grand Conseil Coutumier de Guyane.

Depuis plus de quatre ans, les deux cent habitants Amérindiens du village de Prospérité, en Guyane Française,  se battent pour leur avenir. Face aux forces de l’ordre, les Kali’Nas, luttent contre la déforestation engagée par le chantier de la centrale électrique de l’ouest guyanais (CEOG). Un projet de 170 millions d'euros entrepris en 2016 par "Hydrogène de France Energy", et financé en partie par des organismes publics français (l’agence de la transition écologique, l’agence française de développement (AFD), BPIfrance), et des banques (BNP Paribas, Crédit Industriel et Commercial et Sumitomo Mitsui Banking Corporation).

10 000 foyers électrifiés

Censée s'implanter sur la commune de Mana, la centrale sera chargée d’alimenter en électricité 10 000 foyers de façon “non polluante”. C'est donc sous couvert de "transition écologique", que ce gigantesque projet photovoltaïque prévoit de s'implanter en plein milieu de la forêt amazonienne, mais à proximité d’habitations. quitte à dévaster 140 hectares,

Pour pouvoir être construite, la CEOG doit en principe respecter des conditions précises, mentionnées dans une étude d’impact réalisée en novembre 2018. Par exemple que dans un rayon de trois kilomètres, aucun "établissement recevant du public" (ERP) ne soit implanté. Problème : en plein milieu de ce périmètre de sécurité, à moins de 2km de l’unité de stockage à hydrogène, se trouve une école publique : le groupe scolaire “Pierre-Thérèse“. Il accueille 92 élèves, et c'est bien un "établissement reçevant du public". De plus, l’étude d'impact mentionne l’existence d’“habitations éparses“ à proximité de la limite de propriété du projet, la plus proche se situant à 23 mètres au sud de la centrale.

Carte "localisation du projet" de l'étude d'impact de la centrale CEOG.
Carte "localisation du projet" de l'étude d'impact de la centrale CEOG.

Toujours selon l’étude d’impact, de nombreuses espèces animales et végétales sont en danger. Certaines font l’objet d’un « niveau d’enjeu fort ». L’étude déclare pour chaque type d’espèce un niveau d’impact qui va en l’occurrence de “très faible“ à “modéré“. Pour les oiseaux protégés, par exemple, l’étude explique que “L’impact peut être considéré comme modéré. La conversion de la forêt en parc photovoltaïque est incompatible avec le maintien de ces espèces au sein de la zone d’étude. Il n’y aura cependant pas d’atteinte aux individus qui pourront fuir, en phase travaux, vers des habitats qui leur seront favorables“.

Vous devez être abonné.e pour voir ce contenu

Déjà abonné.e ?