Alors que des élections sénatoriales sont prévues ce dimanche pour renouveler la moitié du Sénat, la grogne gagne les assistants parlementaires, ces petites mains au service des élus. Cet été, le Sénat a publié un « guide de déontologie » qui leur impose un devoir de réserve. Le but : faire taire ceux qui dénoncent des pratiques opaques qui s’apparentent à du détournement de fonds publics. Sous couvert d’anonymat, un sénateur et une assistante parlementaire racontent à Off investigation les rouages de ce système.
Elles se font appeler « Victoire Républicaine », « Marianne Nation » et « France Heureuse ». Le 12 mai, ces trois assistantes parlementaires ont pris leur plus belle plume pour dénoncer, dans un courrier anonyme adressé au président Gérard Larcher (LR) « la trop grande opacité concernant certaines pratiques de nos sénateurs ». La missive s’achève par cette requête : « Nous vous appelons à imposer à nos sénateurs une éthique digne de la République. » Avant de conclure dans une allusion lourde de sens à une célèbre citation d’Alexandre Soljenitsyne : « Nous savons que vous savez, vous savez que nous savons, et pourtant vous ne faites rien. »
Nombre d’entre eux ont été ulcérés par l’annonce par Gérard Larcher en juin 2022 de la préparation d’un « guide de déontologie » pour… les assistants parlementaires ! Ce « guide de déontologie » leur impose un devoir de réserve et de loyauté vis-à-vis de leur sénateur, après que plusieurs de ces derniers aient fait l’objet de plaintes – et parfois de condamnations – pour harcèlement de collaborateurs. Début juillet, La lettre A se fait l'écho de ce "guide de la déontologie".
Museler les collaborateurs remuants
En juillet 2021, Mediapart publiait une enquête dans laquelle huit anciens collaborateurs d’Esther Benbassa, sénatrice de Paris (exclue du groupe Europe Écologie les Verts après ces révélations), racontaient des pratiques de maltraitance et de harcèlement à leur égard.