Jean-Baptiste Rivoire

Quand Nicolas Sarkozy est élu à l'Elysée, deux talentueux humoristes, Didier Porte et Stéphane Guillon, sévissent sur France Inter. A l'instar des Guignols de l'info, sur Canal +, ils pointent les dérives populistes et sécuritaires du nouveau président, mais aussi ses fragilités psychologiques. Devenue culte, la chronique matinale de Guillon finit par embarrasser l'Elysée. Nicolas Sarkozy fait alors appel à Jean-Luc Hees et Philippe Val pour mettre au pas l'humour, mais aussi l'orientation éditoriale de l'impertinente radio publique (Extrait de « L’Élysée (et les oligarques) contre l’info », Les liens qui libèrent, 2022)
Une fois Nicolas Sarkozy à l’Élysée, le grand reporter de France Inter Benoît Collombat, qui l’avait déjà exaspéré en donnant la parole à Raymond Avrillier en 2004 (voir chapitre 4), aggrave son cas. Connu pour ses investigations, notamment sur le meurtre maquillé en suicide du ministre Robert Boulin en 1979, il s’intéresse désormais à Bernard Kouchner, qui a été nommé au Quai d’Orsay à l’instigation de Nicolas Sarkozy. En ce début 2009, le journaliste Pierre Péan vient de publier un ouvrage estimant qu’entre 2002 et 2007, le french doctor avait été grassement payé par les dictateurs gabonais Omar Bongo et congolais Denis Sassou N’Guesso pour rédiger des rapports de complaisance sur leurs systèmes de santé. Selon Pierre Péan, le rapport sur le Gabon (131 pages cosignées par Bernard Kouchner et quelques collègues) aurait été payé près de 2,6 millions d’euros. Le 25 février 2009, Collombat publie ces rapports sur le site de France Inter. En alimentant ce feuilleton embarrassant pour l’un des ministres « chouchou » du Président, il a pris le risque d’indisposer l’Élysée.