
Exclusif. Le Parquet européen en charge de la lutte contre les infractions financières (souvent désigné par son acronyme anglais « EPPO ») refuse de se saisir d’un dossier portant sur « une possibilité de fraude à grande échelle » impliquant les fabricants chinois de smartphone OPPO et VIVO. Pire, la justice européenne aurait caché le dossier aux juridictions financières des Etats européens potentiellement lésés. L’affaire laisse perplexe sur la politique de l'Union européenne en matière de lutte contre l'évasion fiscale.
Le 27 juillet 2023, Frédéric Baab, Procureur européen délégué pour la France, recevait à son bureau parisien un signalement sur un vaste réseau de fraude et de blanchiment qui impliqueraient deux constructeurs chinois de smartphones opérant en Europe : OPPO et VIVO.

(Signalement d'« une possibilité de fraude à grande échelle », adressé le 27 juillet 2023 au Procureur européen délégué pour la France)
Ce courrier, envoyé par des avocats qui défendent les intérêts d’une entreprise s'estimant lésée par l’un des deux fabricants chinois, était accompagné d'un dossier de 40 pages détaillant une enquête approfondie sur les pratiques frauduleuses supposées de OPPO et VIVO. Une source proche de cette affaire, qui souhaite rester anonyme, nous a transmis une copie de l'intégralité de ces documents.