Derrière l’abaya, le cynisme de Gabriel Attal

La robe orientale traditionnelle, surnommée "abaya" peut se porter avec ou sans voile (photo Nursee / Pexels)

“À bas l’abaya” ! C’est le nouveau combat de Gabriel Attal qui vient de remplacer Pap N’diaye au ministère de l’Éducation. Mais alors qu'il manque trois mille professeurs devant leurs classes, braquer les projecteurs sur l'islam sent l'opération de diversion.

Le 17 août sur le plateau du JT de 20 heures de TF1, Gabriel Attal annonce interdire officiellement l’abaya, cette longue robe traditionnelle orientale, dans tous les collèges et lycées publics. Objectif affiché : respecter une loi “laïcité à l’école” datant de 2004. 

À la suite d'une polémique autour de trois collégiennes voilées en 1994 à Creil (Oise), les autorités avaient fait voter cette loi autorisant “tous les chefs d’établissement à intégrer à leur règlement intérieur, l’interdiction des signes religieux ostensibles”. À l’époque, une liste des vêtements à bannir avait été édictée comprenant : le bandana, le turban sikh, le voile, la kippa et une grande croix. Notons qu’en 2004, l’abaya ne figurait pas parmi ces vêtements interdits au nom de la laïcité.

Dans une note de service parue au bulletin officiel de l'éducation nationale et évoquée par Le Monde le 31 aout, les services de Gabriel Attal écrivent : « La montée en puissance du port de tenues de type abaya ou qamis a fait naître un grand nombre de questions sur la conduite à tenir ». Or, « le port de telles tenues, qui manifestent ostensiblement en milieu scolaire une appartenance religieuse, ne peut y être toléré ». Le ton est donné, Gabriel Attal ne s’alignera pas avec les musulmans de France.

Une guerre de l’abaya pour faire « oublier » le manque de profs ? 

Mais pour beaucoup, la stratégie de communication du ministre soulève une question. Aurait-il lancé la guerre de l’abaya pour faire oublier le manque de profs, quitte à stigmatiser au passage quelques centaines de jeunes filles musulmanes ? C’est le sentiment de l’association Action Droit des Musulmans (ADM). Fin aout, elle saisit le Conseil d’État pour qu’il se prononce sur l’interdiction ministérielle, qu’elle perçoit comme islamophobe.

Le 7 septembre, le Conseil d’État (composé à 92% d’hommes blancs, la plupart âgés de plus de 60 ans) donne son blanc-seing à l’interdiction ministérielle : « Le port de l’abaya au sein des établissements scolaires, s’inscrit dans une logique d’affirmation religieuse, or la loi interdit, dans l’enceinte des établissements scolaires publics, le port par les élèves de signes ou tenues manifestant de façon ostensible, une appartenance à une religion ». Gabriel Attal triomphe, son interdiction de l’abaya est validée par la plus haute juridiction administrative !  

Tenue religieuse ou tenue traditionnelle ?

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