Darmanin veut éviter la prison aux délinquants financiers

Gérald Darmanin pose dans son bureau du ministère de l'intérieur, à Paris, le 11 octobre 2022. (Photo de Joel Saget / AFP)

Gérald Darmanin fait bondir les magistrats. En campagne pour 2027, le ministre de la justice veut infliger aux auteurs de délits financiers des amendes ou des peines de probation plutôt que de la prison.

Éviter aux délinquants en col blanc la case prison, c’est la mesure choc proposée par Gérald Darmanin qui fait bondir les magistrats. Le ministre de la justice l’a glissée dans un article du Monde consacré à son « projet de big bang du système judiciaire » qu’il a commencé à dévoiler lundi 12 mai. Officiellement, il s’agit de « désengorger les prisons et d’améliorer le fonctionnement de la justice », selon la lettre du garde des sceaux aux parlementaires, qu’il a rendu publique dans la foulée, mais qui n’entre pas dans le détail des mesures. Concrètement, les délinquants financiers n’écoperaient que de peines de probation ou d’amendes en cas de première infraction. 

« On est sur le haut du spectre de la délinquance, avec des peines très lourdes, de 5 à 10 ans de prison »

Alexandra Vaillant, secrétaire générale de l'Union syndicale des magistrats (USM)

De quoi inquiéter fortement les magistrats, selon nos informations. « Nous avons tous sursauté à sa lecture », affirme l’un d’eux, qui a siégé aux affaires financières dans un tribunal de la région parisienne pendant plusieurs années. Corruption, trafic d’influence, prise illégale d’intérêts, détournement de fonds publics, favoritisme et concussion… Les affaires d’atteinte à la probité ne sont pas de petits délits, comme le rappellait récemment Le Monde.

« On est sur le haut du spectre de la délinquance, avec des peines très lourdes, de 5 à 10 ans de prison », rappelle Alexandra Vaillant, secrétaire générale de l'Union syndicale des magistrats (USM), majoritaire dans la profession et qui se présente comme « apolitique» . La délinquance financière recouvre une large catégorie de délits, qui concernent le personnel politique, de droite comme de gauche, et défrayent la chronique depuis une trentaine d’années. Dernier en date, rien de moins qu’un ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, dont la condamnation à de la prison ferme pour des faits d’atteinte à la probité, une première sous la Vè République, a fait l’effet d’un séisme politique.

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