Maïlys Khider
A en croire de nombreuses compagnies aériennes, " l’avion vert " arriverait bientôt. Mais derrière ce "marketing écolo", se cachent des technologies peu au point et polluantes, une volonté de doubler le trafic aérien d'ici 2050 et un refus catégorique de toute idée de "décroissance".
Samedi 8 octobre 2022, Place de la République à Lille. Une centaine de militants d’associations environnementales comme le collectif " Non à l’agrandissement de l’aéroport de Lille Lesquin " (NADA) se dispersent aux environs du musée des Beaux-Arts. Deux d’entre eux extirpent méthodiquement une affiche de pub trônant sur le panneau “JC Decaux” d’un arrêt de bus et la remplacent par une autre affiche, qui ressemble comme deux gouttes d'eau à une vraie pub. En photo : deux hommes, l’eau jusqu’aux cuisses, poussant leur voiture… après une inondation. Le slogan : “ Aéroport de Lille, Les pieds dans l’eau à partir de 29,99€ ”.
En cet après midi d'automne, ils sont une dizaine de groupes de défense de l'environnement à avoir placardé ce type d'affiches dans les rues de Lille à l’occasion d’AviAction, un événement de réflexion et de lutte pour la réduction du trafic aérien. A l’ordre du jour des collectifs présents : montrer “ le fossé entre la communication bien rodée des compagnies aériennes et leur impact sur l’environnement ”, explique Capucine Saulpic, porte-parole du collectif " Non à l’agrandissement de l’aéroport de Lille Lesquin " (NADA).
Depuis quelques années, catastrophe climatique oblige, les compagnies aériennes s'efforcent en effet de " verdir " leur image, avec pour objectif de persuader touristes et hommes ou femmes d'affaires que voler pourrait être parfaitement écologique. En 2021, par exemple, la compagnie britannique low-cost Easyjet diffusait dans la presse des publicités vantant : “ des vols zéro émission de CO2 d’ici 2050 ”.
En mars 2022, à Paris, le Jury de déontologie publicitaire (JDP), un organisme qui se prononce sur des plaintes concernant des publicités, a épinglé la compagnie britannique, considérant que “ l’allégation « vol zéro émission » et, plus encore, « avion zéro émission », renvoie, pour le consommateur, à l’idée qu’il pourra prendre l’avion sans que son comportement n’entraîne aucune production de CO2 (...) De telles allégations ne correspondent pas à la réalité ”.
L’organisme français considère que sans encadrement, “ toute entreprise pourrait en effet librement afficher des ambitions environnementales flatteuses à long terme, quand bien même ne reposeraient-elles sur aucune réalité, en en recueillant les bénéfices à court terme sur le plan marketing ”.