Autoroute « A 69 »
La contestation prend un virage international

Michel Forst, rapporteur spécial de l'ONU
French national actively involved in the defense of human rights Michel Forst (C) uses his telephone next to French gendarmes while demonstrators occupy trees to protest against the planned A69 motorway project linking Toulouse and the city of Castres, as police conduct an operation to remove them, at the Crem'Arbre 'zone to be defended' (ZAD) protest camp in Saix on February 22, 2024. (Photo by Ed JONES / AFP)

Parallèlement à une commission d’enquête à l’Assemblée sur son « montage juridique et financier », la construction de l’autoroute « A 69 » se poursuit entre Castres et Toulouse. Les opposants continuent de leur côté à alerter sur les inconvénients du projet. Délégation d’activistes internationaux, flou juridique sur les autorisations d'abattage des arbres, déplacement sur place du rapporteur de l’ONU, saisine de la Cour européenne des droits de l’homme, tour d’horizon d’une polémique qui enfle.

Le 10 février dernier, une délégation d’activistes internationaux se rend à Saïx (Tarn). Un week-end de manifestation est organisé sur la zone à défendre (ZAD) dite la Crém’arbre. Parmi ces défenseurs de l’environnement venus de l’étranger, Greta Thunberg. Le temps d'un week-end, c’est dans un contexte tendu avec les forces de l’ordre (la manifestation n’était pas autorisée par la préfecture) que la jeune suédoise, vêtue d’un k-way rose, a bravé le crachin hivernal du Tarn. Discrète, elle n’a pas pris la parole lors de la conférence de presse. Interrogée par des journalistes, elle a dénoncé des « sacrifices au nom de la cupidité et du profit ». Coup de projecteur assuré. 

Une zone à « fort enjeu environnemental »

Selon un arrêté d’autorisation environnementale, la zone sur laquelle se situe la Crém’arbre est à « fort enjeu environnemental ». L’abattage des arbres n’y est donc autorisé qu’entre le 1er septembre et la mi-novembre. Pourtant, le 15 février, des coupes d’arbres ont repris dans la zone. Selon les « écureuils », ces militants qui s’installent dans les arbres pour les défendre, c’est illégal.

De son côté, Atosca, le concessionnaire autoroutier, justifie ces coupes par le déclassement de la zone. Sous pretexte qu'un "écologue" se serait déplacé sur place, elle est désormais considérée à « faible enjeu environnemental » (Dans ce cas, les coupes d’arbres y sont autorisées entre le 15 février et le 31 mars). 

Où est l’écologue ? 

Pour déclasser une zone, il faut au minimum qu’un écologue se rende sur place pour inspecter le lieu, et possiblement identifier des espèces protégées. Le 19 février, la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) annonce au collectif d'opposition La voie est Libre avoir fait le nécessaire pour déclasser la zone. Les militants, présents sur site depuis plusieurs semaines, rétorquent n’avoir aperçu personne. Le 21 février, le bureau d’étude Ecosphère dépêche bien un écologue. Aucun rapport officiel n’a encore été rendu, mais les opposants fustigent l’ironie de ce déplacement tardif. Ils doutent de ses conclusions, après deux semaines d’usage intensif de gaz lacrymogène dans la zone. Quand à leur avocate, Me Alice Terrasse, elle dénonçait récemment dans un article du Monde, les conditions de déclassement de la zone concernée : « Cette opération ne se réalise pas sur simple constat d’un écologue. Il faut modifier l’autorisation environnementale ».

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