Autoroute A 69
En grève de la faim face à l’Etat

Thomas Brail avec l'un de ses compagnons
Thomas Brail, fondateur du Groupe National de surveillance des arbres (à gauche) et un collègue grimpeur (à droite) devant le ministère de la transition écologique à Paris le 14 septembre 2023 (photo Valentin Wender)

En grève de la faim contre la privatisation de l'axe Toulouse-Castres (Autoroute A69), le grimpeur Tarnais Thomas Brail, fondateur du Groupe National de Surveillance des arbres (GNSA), s'est installé jeudi 14 septembre avec deux acolytes devant le ministère de la transition écologique, à Paris.

Ils sont trois, arrivés de la région de Mazamet, dans le Tarn, dans la journée de mercredi. Depuis la fin du mois d'aout, avec quelques acolytes qu'on surnomme "écureuils" (pour leur propension à grimper dans les arbres), Thomas Brail a relancé avec son Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) son combat contre l'autoroute A69, cet axe d'une cinquantaine de kilomètres qui devrait rallier Toulouse à Castres.


Une vingtaine d'euros pour le trajet Castres-Toulouse

Perçu par de nombreux Tarnais comme inutile, ce nouvel autoroute à 450 millions d'euros qui devrait être construit par le consortium Atosca empruntera en partie l'itinéraire de la nationale qui relie déja les deux villes, mais il sera payant. L'axe actuel étant assez roulant (avec certaines portions à quatre voies), plusieurs personnes interrogées par Off Investigation se montrent réticentes à débourser la petite vingtaine d'euros que devrait coûter, demain, le trajet Castres-Toulouse. Vingt euros pour cinquante kilomètres, cela ferait 40 euros pour 100 km, soit... 180 euros pour un Paris-Lyon ! ruineux.

Le tarif particulièrement élevé annoncé pour cet autouroute s'explique probablement par le fait que le trafic risque d'y être faible. Au point de menacer la rentabilité de l'investissement ? Le fait que l'Etat prévoit d'octroyer une concession d'une durée exceptionnelle (55 ans contre 25 ou 30 habituellement) est un autre signe laissant penser que Atosca ne parviendrait jamais à rentabiliser son investissement sur 30 ans. Contacté, le consortium n'a pas souhaité répondre aux questions de Off Investigation.

Des collectifs locaux, dont La voie est libre, dénoncent aussi depuis plusieurs années les conséquences écologiques de cette future autoroute dont on parle depuis trente ans, mais dont les travaux se sont accélérés ces derniers mois. Près de 366 hectares de cultures, vignobles et prairies et 20 hectares de zônes humides devraient être rasés et artificialisées, 224 grands arbres abattus.

Du coup, nombreux sont ceux qui dénoncent une grave atteinte à la biodiversité. Au printemps, Thomas Brail et ses sympathisants étaient parvenus à retarder le chantier de l'A69 en investissant des platanes à Vendine durant une dizaine de jours, jusqu'au 31 mars, date de nidification des oiseaux, et donc fin des travaux autorisés.

Thomas Brail avec ses acolytes, dans un arbre, avec les policiers en bas

Drônes, projecteurs et micros espion

Fin aout, à quelques jours de la reprise des travaux permise par la fin de la période de nidification des oiseaux, ils avaient l'intention de récidiver. Mais le mardi 29 aout, sans crier gare, des dizaines de gendarmes équipés de drônes, de projecteurs et de micros espion se sont déployés autour de la dizaine de platanes de Vendine promis à l'abattage. Évoquant une "réquisition judiciaire", le lieutenant-colonel de gendarmerie commandant le dispositif avec l'appui d'un hélicoptère coupait la circulation sans base légale, et entravait la circulation de certains journalistes, dont un reporter de Off Investigation.

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