
Au Cameroun, des millions de traverses ferroviaires imbibées de créosote, abandonnées par une ancienne filiale de Bolloré, menacent la santé publique. Malgré les alertes, la situation reste inchangée.
Au Cameroun, des millions de traverses ferroviaires en bois, imbibées de créosote, un biocide hautement cancérogène, ont été abandonnées en pleine nature par Camrail, ex-filiale du groupe Bolloré. Recyclés comme bois de chauffe ou de construction, ces déchets toxiques contaminent les sols et empoisonnent les populations, souvent ignorantes du danger. Depuis 26 ans, l’entreprise reste passive, malgré les mises en garde officielles et ses engagements environnementaux.
L’usage de la créosote dans les chemins de fer camerounais est ancien. La Régie des chemins de fer du Cameroun (Regifercam), créée en 1947 par l’administration coloniale française, en a fait un produit de référence pour protéger les traverses en bois contre l’humidité et les insectes. Obtenu par distillation du goudron de houille, ce liquide est un cocktail de plus d’une centaine de composés chimiques, et est aujourd’hui reconnu comme polluant, cancérogène et reprotoxique. Son utilisation est désormais strictement encadrée, voire interdite dans de nombreux pays. Les États-Unis ont restreint son emploi dès 1984.