Durant une trentaine d’années, ce pédocriminel français multirécidiviste a navigué au gré des sanctions judiciaires, sans jamais renier les viols qu’il a commis. Au début de son parcours criminel, il a même bénéficié d’une étonnante complaisance médiatique, notamment de la part du quotidien Libération. Dans la France post-mai 1968 ou Gabriel Matzneff était chroniqueur au Monde, la pédophilie était « dans Le vent ».
En 1979, deux ans après la publication par le Monde d’une pétition d’intellectuels visant à défendre trois hommes incarcérés pour des faits de pédophilie (Voir l’épisode 5 de notre série « Matzneff, un pédophile au coeur de la République »), c’est Libération qui ouvre ses colonnes à Jacques Dugué, un pédophile récidiviste mis en examen après avoir été signalé à la police française par la police fédérale américaine.
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À l’origine de cette initiative, le journaliste Guy Hocquenghem. Figure de la communauté homosexuelle, mais controversé depuis qu’il a tenu des propos jugés complaisants sur la pédophile, Hocquenghem estime que Dugué, pauvre consommateur d’enfants, « livré à la vindicte publique comme le monstre absolu par les plus puissants médias », a bien le droit de s’exprimer.
De se défendre publiquement plus précisément, puisque Jacques Dugué, Surnommé « le monstre de Saint-Ouen », rédige pour le quotidien, alors dirigé par Serge July, un morceau de prosélytisme pédophile sous forme d’une lettre ouverte à son juge d’instruction.
Disons le d’emblée, quarante cinq ans après mai 1968 et dans un contexte de révolution « MeeToo », la publication par un grand quotidien français d’une telle missive apparait surréaliste.
Les enfants « aiment ça, ils font comme tout le monde ».
Jacques Dugué dans Libération, en janvier 1979
Selon la lettre de Jacques Dugué publiée par Libération en 1979, les lois réprimant les relations sexuelles entre adultes et enfants « oppriment aussi bien les jeunes que les adultes ». Car les enfants « aiment ça, ils font comme tout le monde », écrit le pédocriminel récidiviste dans le quotidien alors dirigé par Serge July. Et de s’approprier pour la circonstance le célèbre slogan féministe scandé durant la bataille pour la légalisation de l’avortement : « leur corps leur appartient ». Il fallait oser. D’ailleurs, c’est simple, tous les garçons qu’il a connus « l’ont aimé. Ils ont toujours aimé et voulu » tout ce qu’ils ont « fait ensemble ». Bref, Jacques Dugué est un amoureux de l’enfance qui déplore le préjudice que cause les normes réactionnaires d’une société à l’esprit rigide.